Accessibilité : la responsabilité juridique de l'architecte est plei

Entretien avec Pascal Dubois, architecte, qui déplore que l'enseignement de l'architecture 'ignore' la notion d'accessibilité qui fait pourtant partie intégrante des règles de construction.....

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Pascal Dubois est directeur du bureau d'études eficACCES (Expertises, Formation, Information et Conseils en ACCESsibilité) consultant en accessibilité et coauteur avec Farida Falek du "Guide pratique sur l'accessibilité". Il déplore "l'ignorance" des architectes. Entretien.

Le rôle des architectes

Cyber Archi : Les architectes semblent, en apparence, en première ligne pour offrir une réponse architecturale aux enjeux de l'accessibilité. Sont-ils à la hauteur de ces enjeux ?
Pascal Dubois : L'enseignement de l'architecture "ignore" toujours la notion d'accessibilité qui pourtant, fait partie intégrante des règles de construction au même titre que la sécurité incendie. Ce n'est que sur le terrain que l'architecte y est confronté. Il doit tout découvrir alors que son projet est déjà largement avancé. Il est donc trop tard pour l'intégrer comme un élément architectural à part entière, ce qui aboutit trop souvent à des "bricolages" de dernière minute qui ne satisferont personne et surtout pas les usagers.

Que signifient les notions d'usage et d'adaptabilité en regard du travail des architectes ?
Un immeuble, ce n'est pas seulement une façade qui doit se voir depuis la rue mais un ensemble d'éléments qui permettra aux occupants ou aux usagers d'utiliser les locaux dans de bonnes conditions de sécurité et d'autonomie. C'est la notion de fonction des lieux et donc d'usage des équipements et des services proposés qui doit être privilégiée. L'architecte doit se projeter sur cette "occupation future des locaux" pour répondre aux besoins des occupants y compris les personnes handicapées ou à mobilité réduite. Si cette notion est appréhendée à l'origine du projet elle permettra d'éviter des erreurs de conception préjudiciables.
La notion d'adaptabilité propre à l'habitat collectif, permet à l'architecte d'imaginer la transformation éventuelle du logement pour permettre son usage par des personnes en fauteuil roulant, notamment.

Une enquête de l'Insee indique que 40% de la population subit les conséquences d'un handicap, d'une déficience ou autre contrainte. Les architectes et les autres acteurs concernés ont-ils, selon vous, pris la mesure du nombre de gens concernés par les plus qu'apporte l'accessibilité ?
L'accessibilité est un élément de confort et de qualité architecturale qui concerne beaucoup plus de personnes qu'on ne l'imagine généralement. Si à l'origine les règles techniques ont été définies sur la base d'un fauteuil roulant qui sert de "gabarit", elles bénéficient à toutes les personnes qui éprouvent une quelconque difficulté de déplacement ou de mobilité. C'est ce que l'on appelle aujourd'hui, les personnes à mobilité réduite (personnes âgées, femmes enceintes, personnes de petite taille…) auxquelles on peut ajouter les personnes qui subissent les conséquences de l'inaccessibilité. Quel voyageur encombré de bagages n'a pas "rouspété" contre les escaliers ou les tourniquets dans les transports ? Quel parent qui se déplace avec un landau, n'est pas quotidiennement confronté à l'occupation des trottoirs par divers mobiliers ? A contrario, a-t-on entendu un déménageur se plaindre de la présence d'un ascenseur ou d'une entrée de plain pied ?

Quels sont les exemples les plus courants d'erreurs d'architectes ?...

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