3D : un fablab pour "se réparer" vise l'international

À Rennes, le "Humanlab", ouvert début 2017, propose aux personnes en situation de handicap de fabriquer une prothèse en 3D grâce à du matériel mis à disposition. Un projet inspiré du modèle des fablab et engagé dans une démarche internationale.

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Des imprimantes 3D, un poste de soudure, des kits d'électronique et des mains dignes de Terminator, le tout combiné à une dose de logiciel libre... À Rennes, le Humanlab permet à toute personne porteuse d'un handicap d'apprendre à « se réparer soi-même ». Amputé en 2002 de l'avant-bras droit suite à un accident du travail, Nicolas Huchet, 33 ans, est à l'origine de ce « laboratoire humain » ouvert en janvier 2017 sur le modèle des fablabs (laboratoires de fabrication numérique ouverts au public, ndlr).

Une main bionique bon marché

Bionico, son surnom, est d'abord célèbre pour son prototype de main « bionique » bon marché, une prothèse commandée par des capteurs musculaires qu'il a conçue en collaboration avec un sculpteur et le fablab de Rennes. L'initiative lui a valu, en 2015, d'être reconnu meilleur jeune « innovateur social de l'année » par le MIT (Institut de technologie du Massachusetts). Après avoir porté pendant dix ans la même prothèse « qui n'évoluait pas », ne pouvant bouger que le pouce, ce Rennais d'adoption se lance dans la fabrication d'une prothèse « maison » grâce à l'impression 3D, déjà en plein essor en chirurgie. « Il y avait bien des modèles commerciaux, mais à 40 000 euros, une barrière financière énorme », raconte-t-il à l'AFP.

Mélange de récup et de high tech

En 2012, Nicolas Huchet voit pour la première fois une imprimante 3D à Rennes : c'est le déclic. « Avec le fablab, on a discuté de la possibilité d'imprimer une main, poursuit-il. Sur un site d'impression 3D, on a trouvé une main robot commandée par ordinateur, puis on a fait en sorte que je puisse la commander. » « C'est un mélange de récup et de high-tech, avec des bouts de ferraille, du fil de pêche, une boîte de chocolat en poudre d'un côté, et des composants imprimés en 3D à partir de plans en open source de l'autre (employant des technologies libres de droits, ndlr) », précise-t-il. Le tout à moins de 1 000 euros.

« S'auto-réparer »

Pas question, pour autant, d'en rester là. En 2014, l'association My Human Kit (MHK) voit le jour pour faire aboutir ce projet. L'année suivante, Nicolas lève près d'un million d'euros. Puis vient le Humanlab, cet atelier de fabrication numérique dédié à la santé, qui, outre cinq projets clés, dont celui d'un fauteuil roulant électrique réplicable, veut permettre aux personnes en situation de handicap de « s'auto-réparer ». « On s'est dit que si un mec pouvait apprendre à se réparer en fédérant des gens autour de lui, ce serait génial », assure le jeune homme. Nicolas Kraszewski, 38 ans, a perdu sa jambe et son bras gauches dans un accident. Depuis 2016, il travaille à la conception d'une prothèse de bras, très rare dans le commerce. Après avoir créé l'ossature métallique, il cherche un accompagnement pour la partie électronique. « Je veux créer un appareillage pour moi et les autres, qui soit accessible en open-source », confie-t-il.

Une prothèse en Inde, au Burkina…

Catherine Fuchs, en fauteuil roulant, travaille quant à elle à un projet d'appui-tête qui permet de tourner la tête. Inventer des solutions nouvelles pour les mettre à disposition de tous, répliquer des solutions déjà existantes en les adaptant... À terme, l'équipe du Humanlab aimerait essaimer « pour qu'une personne en Inde, au Burkina, puisse se fabriquer sa prothèse grâce au réseau des fablabs ».

En France comme à l'étranger, des initiatives voient le jour, et les ONG se disent intéressées. « Très peu de patients ont accès à la prothèse, souligne Clara Nordon, de la fondation Médecins sans frontières. C'est intéressant de voir comment on peut passer de solutions lourdes et coûteuses à une réponse alternative. » Handicap International a également un projet de fablab en Bolivie, qui vise à fabriquer des objets de la vie quotidienne pour les personnes handicapées. « Les fablabs montent en puissance, y compris dans les pays en développement, remarque Isabelle Urseau, de Handicap International. L'impression 3D est une nouvelle façon de travailler. Elle propose quelque chose d'utilisable à plus grande échelle pour beaucoup de personnes ». L'ONG teste également la fabrication à distance, avec des orthopédistes, de prothèses en 3D pour la Syrie.

© Twitter / My Human kit

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