R.Hossein : 'les personnes handicapées sont efficaces'

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Le succès remporté par la première édition 2005 ses promoteurs à renouveler l'expérience cette année encore et le 14 décembre, le jury a récompensé les auteurs des meilleurs ouvrages 2006. Rencontre. François Enget : Quelles sont les raisons qui vous ont déterminé à présider, pour la deuxième fois, le jury du prix Handi-livres ? Robert Hossein : Les mêmes que pour la première fois : la situation d'urgence des personnes handicapées en France aujourd'hui. Vous savez, pour mon spectacle Ben-Hur au stade de France, j'ai non seulement invité beaucoup de personnes handicapées à le voir, mais j'en ai aussi engagé en tant qu'acteurs. Elles s'y sont révélées absolument remarquables. À tel point qu'à un moment on ne remarquait même plus leur handicap. Je connais des acteurs professionnels non handicapés qui ne leur arrivent pas à la cheville. Ce qu'elles faisaient était plein de sensibilité et de passion. Et celles que j'ai engagées dans Ben-Hur se sont révélées totalement disponibles pour la création du spectacle. F.E. : II y a de toute évidence un courant de sympathie qui passe entre vous et eux ? R.H : Ce n'est pas seulement une question de sympathie, c'est une question d'urgence et d'évi¬dence. Et si je le dis et le redis, c'est qu'il est essentiel que les personnes handicapées prennent leur place dans une société qui les ignore et qui peine à leur trouver du travail. Pourtant, ce sont des personnes totalement efficaces. On peut avoir une totale confiance en des êtres qui, comme ces personnes handicapées que j'ai côtoyées, ne désirent que profiter de la vie, à défaut de se sentir indispensables, tout en offrant des qualités réelles, je peux en témoigner. Au moins, leur handicap, contrairement à bien d'autres personnes va- -lides, ne vient pas du cœur ! F.E : Comment vous définissez-vous par rapport à eux ? R.H : Pour moi, une personne handicapée c'est quelqu'un qui ne s'est pas débarrassé de son enfance et qui la trimballe toujours avec lui. Il y a quelque chose de très douloureux, de très nostalgique et de très digne à la fois, à leur contact. Je ne tire aucune vanité de l'aide que je peux leur apporter. Je suis, au contraire, plein d'humilité. Et j'en apprends chaque jour davantage grâce à eux. Vous savez, on vit au milieu d'une cour des miracles. Des personnes handicapées, il y en a de plus en plus, comme tous ceux qui vivent, dans la misère, assis par terre, et qui tendent la main. Ils sont dans une situation tragique aussi, vous savez...
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