Télévision et handicap auditif

Les sourds satisfaits du sous-titrage TV, mais veulent plus de langue des signes.

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Par Julie DUCOURAU

PARIS, 3 juil 2008 (AFP) - Malgré le retard accumulé pendant 20 ans, les grandes chaînes de télévision proposent un sous-titrage de 60% environ de leurs programmes, mais au-delà de l'écrit, les associations de sourds et malentendants voudraient que "leur" langue des signes ne soit pas oubliée des écrans.
Selon la loi du 11 février 2005 sur l'égalité des chances, 100% des programmes télévisés devront être sous-titrés en 2010 sur les grandes chaînes, 40% sur la télévision numérique terrestre (TNT), et 20% sur les chaînes thématiques.
Aujourd'hui, 60% des programmes sont lisibles sur TF1 et France 2, 66% sur France 3, 35% sur M6 et un film sur trois sur Canal+, a indiqué jeudi le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), Michel Boyon, lors d'une conférence de presse sous-titrée et traduite en langue des signes. Pour lui, "aucun doute" que l'objectif 2010 sera atteint.
Les 5,2 millions de personnes ayant un handicap auditif "peuvent désormais faire comme tous les Français: zapper!", s'est félicité la secrétaire d'Etat à la Solidarité, Valérie Létard. Pour accéder aux sous-titres, il suffit d'appuyer sur la touche "télétexte" de sa télécommande (disponible sur les téléviseurs récents) puis composer le "888".
Mme Létard a également indiqué "vouloir aller plus loin" et que le sous-titrage soit "présent sur tous les récepteurs dans les lieux publics".
C'est déjà le cas aux Etats-Unis où, "dans les bars, quand la télé est allumée, le sous-titrage est automatique", a précisé Jérémie Boroy, président de l'Union nationale pour l'insertion sociale du déficient auditif (Unisda).
"Pendant 20, voire 30 ans, on a pris du retard, les chaînes étaient réticentes à s'engager dans cette voie: le public malentendant n'était pas des plus visibles et le coût était très élevé", a-t-il expliqué.
Aujourd'hui, une minute de programme sous-titré coûte en moyenne 10 euros et 15 à 20 euros si l'émission est en direct, estime Alex Keiller de la société Red Bee Media France qui produit des sous-titres.
Après la loi de 2005, "ça traînait un peu, on a vraiment changé d'époque dans le sous-titrage TV avec la campagne présidentielle de 2007", selon M.
Boroy. Il se réjouit d'avoir pu, "pour la première fois", regarder le débat de l'entre deux-tours entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, en version sous-titrée et en langue des signes.
Une langue des signes qui reste toutefois trop absente des écrans pour "une moitié des sourds qui la préfèrent au sous-titrage", selon Annette Leven, vice-présidente de la Fédération nationale des sourds de France (FNSF). "La langue des signes, c'est notre langue. Le sous-titrage, c'est la langue des entendants", déplore-t-elle.
"Et puis, l'important, c'est les enfants, tant qu'ils ne savent pas lire, ils n'ont aucun accès à la télévision!", peste-t-elle dans sa gestuelle et dans ses yeux, se plaignant de la disparition de l'émission en langue des signes pour les petits "mes mains ont la parole", diffusée dans les années 80.
L'Unisda demande, de son côté, qu'"au moins un journal de 20 heures" soit traduit en langue des signes sur une des chaînes principales.
Les associations de sourds et malentendants militent également pour une accessibilité étendue aux supports internet ou à la vidéo à la demande (VoD).
Et après la télévision, le cinéma pourra-t-il s'ouvrir aux déficients auditifs? "C'est un autre chantier!", reconnaît M. Boroy qui regrette de ne pouvoir aller voir que des films étrangers, en version originale sous-titrée.
jud/vdr/abx

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