Handicapé et détenu: une situation 'inadaptée'

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Par David ARRODE

PARIS, 20 nov 2008 (AFP) -
Lors de la 12ème semaine pour l'emploi des personnes handicapées qui a lieu actuellement, l'Observatoire international des prisons (OIP) publie dans sa revue "Dedans dehors" des témoignages relatant le difficile "parcours" d'un paraplégique incarcéré, "l'isolement" d'un détenu aveugle ou "l'indifférence" dont est victime un prisonnier en fauteuil roulant.
Un avis rendu en octobre 2006 par le Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et la santé (CCNE) estimait que "plus de 5.000 personnes étaient atteintes de handicap (physique et mental) en 2003 au moment de leur incarcération", sur un total de 60.000 détenus.
S'y ajoute un "nombre croissant de personnes atteintes de handicaps liés à l'âge qui surviennent en cours de détention en raison de l'augmentation des condamnations à de longues peines", ajoutait le CCNE.
L'Administration pénitentiaire (AP) a indiqué jeudi à l'AFP qu'il y avait actuellement 250 handicapés "moteur" au sein de ses 195 établissements.
Déjà en butte au surpeuplement, dénoncé jeudi par un rapport du Conseil de l'Europe, "le monde carcéral n'est pas adapté" à cette population, insiste la magistrate Délou Bouvier, membre du "pôle suspension de peine" en faveur des détenus malades.
Dans un rapport de décembre 2003, l'Académie de médecine parlait d'établissements pénitentiaires "inadaptés aux handicaps physiques liés à l'âge: nombreux escaliers, absence d'ascenseur, absence de plans inclinés rendant inaccessible de nombreux locaux, y compris les locaux médicaux".
La loi du 4 mars 2002 sur le droit des malades prévoyait des suspensions de peine pour raisons médicales, en cas de santé "durablement incompatible" avec la détention, de "pronostic vital engagé".
François Bès, militant de l'OIP, constate l'exclusion d'un tel dispositif des détenus qui "n'ont pas de pathologie évolutive" faisant courir des risques mortels.
Mais pour la plupart des personnes handicapées, "il y a incompatibilité de l'état de santé avec la détention", affirme l'avocat Etienne Noël, spécialiste du droit des détenus.
Le problème est "philosophique", estime Mme Bouvier qui parle d'un "vide sociétal organisé autour de ces gens" qui cumulent handicap physique et condamnation pénale.
Conséquence, leur réinsertion après la prison se heurte à un "manque de structure d'accueil" pour l'hébergement et le travail, ajoute la magistrate.
Conformément à une circulaire interministérielle du 10 janvier 2005, l'AP assure travailler à une meilleure "accessibilité" de ses locaux et à un "aménagement" des cellules renfermant les personnes handicapées: 123 cellules à ce jour et environ 130 à venir dans le cadre du plan de construction de 13.200 places nouvelles d'ici 2012.
La rénovation d'établissements existants, comme à Fleury-Mérogis ou aux Baumettes à Marseille, inclut de tels aménagements.
La justice "doit garantir l'accueil des personnes handicapées dans tous les lieux dont elle a la charge, y compris en milieu pénitentiaire", affirmait fin 2007 Rachida Dati à l'occasion du lancement du "plan d'action triennal 2008-2010" du ministère de la Justice "en faveur des personnes handicapées".
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