Des jeunes mal-voyants formés dans un lycée hôtelier.

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SAINT-GAUDENS (Haute-Garonne), 15 août 2009 (AFP) - Imaginée par l'association Epicure, l'école hôtelière privée des Pyrénées-Comminges permettra chaque année à douze jeunes, âgés de 16 à 25 ans, d'obtenir un Bac Pro après quatre ans d'études dans l'établissement.
Qu'ils soient atteints de très fortes myopies, de rétinites pigmentaires qui rétrécissent leur champ de vision ou encore de cataractes congénitales, ces jeunes accèderont ainsi à un secteur d'activité fortement générateur d'emplois.
"Je voulais prendre le contre-pied de tous les stéréotypes contre la cécité, et notamment montrer que l'on peut malgré tout aller vers les autres", explique Dany Gombert, présidente de l'association Epicure, qui se bat depuis près de quinze ans pour mettre sur pied ce projet.
Cette femme à la personnalité bien trempée, mère de sept enfants, a commencé à perdre la vision centrale à l'âge de 31 ans, à cause d'une maladie génétique. Obligée de cesser son activité de dentiste, elle a constaté l'étroitesse des voies qui s'ouvraient aux déficients visuels.
"Les déficients visuels sont souvent sur-qualifiés pour les postes qu'ils occupent", déplore-t-elle, avant de confier qu'on l'a prise "pour une extraterrestre" quand elle a commencé à envisager un lycée hôtelier pour mal-voyants.
Aujourd'hui âgée de 53 ans, Mme Gombert assiste avec émotion aux derniers ajustements avant l'ouverture du lycée, financé essentiellement par les Ministères de la Santé et de l'Education Nationale. Les salles de classe aux murs jaunes et parme sont presque prêtes, ainsi que l'internat installé dans des petites maisons peintes en bleu.
Bien que l'accès aux premières promotions soit limité aux mal-voyants, l'objectif est d'accueillir également, à terme, des non-voyants.
"Les professionnels étaient réticents à commencer avec des non-voyants", explique Dany Gombert. Des entreprises comme Accor sont en effet partenaires du projet et garantissent que tous les jeunes diplômés trouveront un emploi à la sortie.
"C'est une première, on va forcément essuyer les plâtres", ajoute Danielle Pujazon, future directrice de l'établissement.
La part pratique de l'enseignement se déroulera sur un matériel de cuisine traditionnel, avec des professeurs de l'Education Nationale doublés par des ergothérapeutes spécialistes des actes de la vie quotidienne.
Tous les autres cours passeront par l'informatique et des systèmes de grossissement des caractères et de synthèse vocale.
A la demande des professionnels de l'hôtellerie, un accent particulier sera mis sur les langues étrangères, anglais et espagnol.
A terme, Dany Gombert aimerait développer des spécialités en pâtisserie ou oenologie. Pour l'instant, elle souhaite surtout trouver huit élèves supplémentaires avant le 6 septembre. Seuls quatre jeunes, deux originaires de la région parisienne et deux de Midi-Pyrénées, se sont déjà inscrits, en raison d'une communication un peu tardive du lycée.
Le toulousain Barthélemy Lambertini, 18 ans, sera l'un des premiers bénéficiaires de cette initiative audacieuse.
"J'adore la cuisine et j'aimerais trouver un travail dans ce domaine", explique le jeune homme qui souffre d'un mouvement d'oscillation incontrôlé du globe oculaire.
bra/ar/phi

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