Handicap et pauvreté : la France se mobilise le 27 mars !

Le 27 mars 2010, le collectif 'Ni pauvre ni soumis' appelle à manifester dans 18 villes françaises pour réclamer un revenu minimum décent pour les personnes malades ou handicapées. Le point avec Jean-Marie Barbier, président de l'APF.

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Handicap.fr : Quel sera votre slogan lors de la manifestation nationale du 27 mars prochain ?
Jean-Marie Barbier
: « Stop à la précarité ! Oui à la solidarité et à un revenu d'existence ! » C'est la deuxième édition de cet évènement, deux ans après le grand défilé de mars 2008. C'est comme fêter un anniversaire, même si entre les deux le sujet n'a pas beaucoup évolué.

H
: Qu'est-ce qui avait incité à la création de ce collectif en 2008 et à votre premier rassemblement ?

JMB
: Le président de la République était en train de ne pas tenir ses promesses ! Il avait promis 25 % d'augmentation de l'AAH (Allocation adulte handicapé) en 5 ans mais rien en 2007, 1% prévu en 2008. Quand vous avez 1% en 18 mois, vous avez toutes les chances de ne pas arriver à l'objectif fixé. Et puis il y avait un antécédent avec monsieur Chirac qui avait promis une baisse de l'impôt sur le revenu de 30 % qu'on n'a jamais vue. Alors disons que ce collectif, composé par 94 associations , a été mis en place pour maintenir une certaine vigilance et surtout réclamer un revenu d'existence équivalent au SMIC.

H
: Les actions de ce regroupement semblent avoir été efficaces, puisqu'au final, l'allocation AAH obtiendra bien ces 25 % d'augmentation ?
JMB : Oui, si l'effort est maintenu encore sur les deux prochains budgets ! Mais nous imaginons que le président osera tenir cette promesse et nous osons dire que notre collectif l'y aura beaucoup aidé !

H
: Alors pourquoi continuer à manifester ?

JMB
: Parce qu'avec 682 € par mois, ils sont 800 000 à vivre en dessous du seuil de pauvreté fixé à 909 € en 2010. Parce que cette augmentation ne s'applique pas au complément pour la vie autonome, et que, donc, les ressources de ceux qui en ont le plus besoin n'augmenteront pas de 25%. Parce l'AAH est calculée en fonction des revenus de votre conjoint et peut parfois être réduite à néant. Très concrètement, la personne handicapée vit à sa charge. Et c'est humainement intolérable !

H
: Sur quels autres points militez-vous ?

JMB
: Sur le système de santé en général que le gouvernement est en train de détricoter, à travers l'application de la franchise médicale, du déremboursement de certains médicaments ou de la hausse du forfait hospitalier fixé à 18 euros par jour pour être nourri et blanchi. Autant nous demander d'aller à l'hôpital avec nos sacs de couchage. Quant à la franchise médicale, elle n'est pas appliquée aux enfants sous prétexte qu'ils sont plus souvent malades et que cette mesure aurait fait hurler des millions de Français. Mais les personnes handicapées ne font-elles pas partie d'une population encore plus fragile ? Simplement, nous aurions été nettement moins nombreux à hurler... J'ai posé la question à madame Bachelot mais j'attends toujours sla réponse.

H
: 35 000 manifestants à Paris en 2008, vous en espérez autant cette année ?

JMB
: Franchement, 35 000 personnes en situation de handicap, c'était un record planétaire. Les manifestants venaient de toute la France. Nous avions mis en place des moyens démesurés pour que cet évènement soit un succès. Nous avons affrété 5 avions, 13 trains et 700 cars et minibus et loué des dizaines de toilettes adaptées ! Mais, comme une telle logistique coûte cher, nous avons décidé, cette année, d'aller au plus près des gens. Nous espérons au moins 1000 manifestants par ville.

H
: Pourquoi avoir choisi le jaune et le noir pour votre collectif ?

JMB
: Il n'y a pas de symbolique particulière. L'idée, c'était de se démarquer des partis politiques, et personne n'utilise le jaune. Et puis, l'avantage, c'est qu'on nous repère facilement. Lors des grandes manifestations sociales de janvier 2009, qui ont mobilisé trois millions de Français, nous étions très visibles au milieu du cortège de « valides », bien accueillis et protégés. Nous avons distribué 20 000 autocollants que tous ont fini pas arborer fièrement. Preuve que notre combat ne concerne pas seulement les personnes handicapées. Et si le noir frappe l'imaginaire et renvoie à la colère, tant mieux ! N'avons-- nous pas décrété que 2009 avait été « L'année noire du handicap » car elle s'est terminée de façon catastrophique avec des principes qui laminent la loi de 2005 ?

H
: Quel bilan tirez-vous des 2 ans d'existence du collectif « Ni pauvre ni soumis » ?

JMB
: Vous savez, ce collectif, c'est du jamais vu. Nous n'avions jamais organisé de manifestations qui rassemblent plus de 8 ou 9 associations. C'est vraiment une logistique démentielle, surtout pour nos adhérents handicapés physiques. Le coût d'un manifestant varie vraiment selon son handicap. Alors, au risque de tirer un peu la couverture à nous, lorsque je vois le travail engagé par l'APF, nous pouvons en être fiers.

H
: La fédération des Apajh vient de saisir la Halde pour « Discrimination d'Etat », que pensez-vous de cette action ?

JMB
: Ce n'est pas dans les habitudes de l'APF car nous privilégions le dialogue. Mais cette démarche est néanmoins très singulière et on ne peut pas dire, sur le fond, que l'Apajh ait tort. Nous suivrons donc avec intérêt les suites données à cette affaire.

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