Fondation Jacques Chirac : étude sur les travailleurs d'ESAT

La Fondation Jacques Chirac a mené une étude qui permet d'éclairer la situation de l'emploi des personnes handicapées mentales. Un cocon protecteur qui anesthésie parfois l'autonomie mais contribue globalement au bonheur des travailleurs !

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Fondée il y a quarante ans, la Fondation Jacques Chirac pour le handicap (anciennement nommée « Association des centre éducatifs de Corrèze », à ne pas confondre avec la Fondation Chirac en faveur de la paix) accueille 1 100 personnes handicapées, dont 270 sont en emploi au sein d'ESAT ou d'EA. Une étude présentée par Françoise Béziat, directrice générale, à l'occasion du colloque organisé début 2012 à Paris, a permis de dresser un état des lieux plutôt inédit. Menée dans trois établissements de la Fondation, en Limousin, pourrait-elle, à l'avenir, inspirer une enquête d'envergure nationale qui permettrait de dégager des priorités et de proposer des pistes pour servir de base à une stratégie réglementaire ?

Moins de cigarettes, moins d'alcool !


Ce sont des hommes pour la plupart, avec une moyenne d'âge de 39 ans, aux deux tiers déficients intellectuels, avec une ancienneté d'environ 15 ans. Ils œuvrent dans différents secteurs : entretien d'espaces verts, élevage, forestage, entretien de locaux, repassage... Ils exercent le plus souvent (à 67 %) une activité qu'ils ont choisie, en grande majorité reconnue comme intéressante et valorisante, et plus rarement source de fatigue, de stress, voire d'ennui. La majorité a le sentiment d'évoluer dans un environnement sécurisant, voire surprotecteur. Cet univers professionnel préservé leur permet de se sentir comme tout le monde, d'être bien dans leur peau, de se faire des amis, de limiter leur inquiétudes. L'équipe éducative constate une meilleure santé physique et psychologique et une amélioration de l'estime de soi, parallèlement à une plus grande acceptation des contraintes et une « compliance » à leur traitement. Le travail en milieu protégé en tant que projet de vie consenti semble donc avoir un impact positif sur l'équilibre psychique, l'ouverture aux autres et, entraîne même une rééducation de la consommation de substances psycho-actives telles que l'alcool ou les cigarettes. Pour toutes ces raisons, six travailleurs sur dix déclarent ne pas vouloir quitter leur ESAT.

Le milieu ordinaire : insécurité !


Il y a néanmoins une contrepartie ; certains sont envahis par un sentiment d'insécurité lorsqu'ils se trouvent hors de leurs murs. Ils manifestent la peur d'être seuls et de ne pas se sentir à la hauteur dans le milieu ordinaire. C'est pourquoi la Fondation s'investit sur le passage du milieu protégé vers le milieu ordinaire, par le biais, par exemple, de détachements au sein d'entreprises. Elle réfléchit, pour mener à bien cette mission, à un nouveau métier, celui « d'agent facilitateur », sorte de « modérateur des risques », à la fois pour le travailleur, l'employeur et la communauté de travail. Un coach social qui accompagnerait également le travailleur dans sa vie personnelle. En effet, il semble cohérent de ne pas lui proposer un logement sur son lieu de travail. Encourager l'autonomie en toutes circonstances pour éviter le désarroi des travailleurs vieillissants qui, au moment de la retraite, refusent de quitter un environnement devenu trop familier. Comme prisonniers de leur seul repère ! En guise de réponse, pour le moment, certaines maisons de retraites de la Fondation ont décidé de s'implanter à proximité de ce « cocon ». Un pansement fait de ciment, en attendant.... En attendant que ne tombent les murs !

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