Trisomie: un risque de dérive eugénique ?

La justice européenne ne doit pas reconnaître un droit au dépistage prénatal de la trisomie, car cela laisserait libre cours à l'eugénisme, ont mis en garde une trentaine d'associations de défense des handicapés, issues de 16 pays.

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STRASBOURG, 28 juin 2012 (AFP) -
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit "reconnaître l'humanité et protéger le droit à la vie des personnes trisomiques et handicapées", ont plaidé ces associations, réunies au Conseil de l'Europe à Strasbourg pour faire part de leur inquiétude concernant une affaire actuellement pendante devant la CEDH.

Cette affaire concerne une Lettone, Anita Kruzmane, mère d'une fillette trisomique aujourd'hui âgée de 10 ans. Devant les tribunaux de son pays, elle a reproché à ses médecins de ne pas lui avoir proposé de test prénatal, test dont elle aurait tiré les conséquences en avortant si elle avait su que son foetus était porteur d'une anomalie génétique.

La justice lettone lui ayant donné tort, elle s'est tournée vers la CEDH, faisant valoir une violation de son droit à la vie familiale. La Cour européenne devrait se prononcer sur ce dossier sensible d'ici quelques mois.
"L'élimination de l'enfant à naître, en raison de son patrimoine génétique, est-il un droit?", a demandé jeudi l'Irlandais Patrick Clarke, président de la fédération "Down Syndrome International". "Eliminer une maladie, c'est une chose, mais éliminer des malades, c'est tout autre chose", a ajouté M. Clark, lui-même père d'un fils trisomique adulte.

Pour le Français Jean-Marie Le Mené, président de la Fondation Jérôme Lejeune - qui soutient la recherche sur la trisomie et s'oppose à l'avortement -, cette affaire Kruzmane s'inscrit dans un contexte général où "la liberté de choix des parents" de garder ou non leur enfant trisomique est "menacée par une politique eugénique".
Cette politique, qui tend à proposer un dépistage quasi-systématique aux familles, se conclut par un avortement dans la quasi totalité des cas où le foetus est diagnostiqué trisomique, a rappelé M. Le Mené. "Il ne s'agit pas de remettre en cause le dépistage ou l'avortement, mais de dénoncer cette situation où on avorte quasiment sans se poser de questions. Il faut lutter contre ces préjugés qui font d'un trisomique une source de malheur", a-t-il ajouté.

Le cas Kruzmane, a encore analysé M. Le Mené, n'est pas sans rappeler la célèbre affaire Perruche, du nom de ce jeune Français né lourdement handicapé et à qui la plus haute instance judiciaire avait accordé, en 2000, une indemnisation pour le fait d'être né.
ab/mct/mr

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