" On ne me raconte pas n'importe quoi ! "

Martine Carrillon-Couvreur a pris ses fonctions à la présidence du CNCPH* le 28 novembre 2012. Une élue socialiste qui promet indépendance et action ! Femmes, pauvreté, accessibilité : quelles seront les ambitions de son mandat ?

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*CNCPH = Conseil national consultatif des personnes handicapées

Handicap.fr
: Quelques mots sur votre parcours...

Martine Carrillon-Couvreur : Directrice d'un institut médico-éducatif, je deviens, en 2001, adjointe au maire de Nevers, avant d'être élue, en 2002, députée de la première circonscription de la Nièvre. J'appartiens, depuis 2002, au groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Je suis membre de la commission des affaires sociales.

H.fr : Comment s'est passée cette nomination au CNCPH ; est-ce vous qui avez postulé ?

MCC : A chaque nouvelle mandature, plusieurs postes sont à pourvoir. J'ai donc postulé pour la présidence du CNCPH, Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées, ayant proposé plusieurs personnes susceptibles de remplir cette fonction. C'est Jean-Marc Ayrault qui a pris la décision.

H.fr : Pourquoi pensez-vous avoir été choisie ? Lors de votre nomination, un communiqué disait que vous aviez fait de l'inclusion des personnes en situation de handicap le coeur de votre engagement politique...

MCC : En effet. J'ai été directrice d'un institut médico-éducatif (IME) et, dans le cadre de mes fonctions parlementaires, je suis responsable du groupe de travail sur le handicap pour le groupe socialiste. Depuis 2002, j'ai travaillé sur cette question en permanence, a fortiori au moment de la rédaction de la loi handicap de 2005, en proposant quelques améliorations. Le volet handicap dans chaque loi, que vient d'annoncer le Premier ministre, nous le défendions déjà il y a dix ans.

H.fr : Les associations de personnes handicapées présentes au sein du CNCPH ont clairement fait savoir qu'elles ne souhaitaient pas que leur président soit aussi un élu parlementaire...

MCC : Oui, je le sais. Lors de ma prise de fonction, le 28 novembre 2012, j'ai évidemment évoqué cela. Je leur ai répondu que le Premier ministre avait souhaité que le président du CNCPH soit engagé dans la politique pour accompagner les propositions du gouvernement. J'ai affirmé aux membres du CNCPH que j'étais à leur écoute, faisant office d'intermédiaire avec le gouvernement, ce qui ne m'empêchera pas de veiller à faire respecter leurs propositions. Et puis, c'est plutôt une bonne chose de faire du sujet du handicap un enjeu politique.

H.fr : Mais en tant que député PS, ne pensez-vous pas être à la fois juge et partie ? Que ferez-vous en cas de désaccord entre les deux ?

MCC : En tant que parlementaire socialiste, je soutiens, a priori, ce qui est proposé par le gouvernement mais, si une décision me heurte, je ne manquerai pas de le faire savoir. Je suis évidemment satisfaite que ce gouvernement soit de gauche mais il se peut aussi que je puisse avoir un regard critique sur certains sujets.

H.fr : Les présidents d'associations vous ont donc plutôt bien accueillie ?

MCC : Oui car ce qui a pesé dans la balance c'est que je pense pouvoir dire que je connais bien les questions liées au handicap, ainsi que le mouvement associatif et ses préoccupations. On ne peut donc pas me raconter n'importe quoi !

H.fr : Le cumul de vos fonctions vous permettra-t-il de vous consacrer pleinement au CNCPH ?

MCC : J'ai rencontré Patrick Gohet, à qui je succède, pour faire le point à ce sujet. Et j'ai mesuré le temps que j'allais consacrer à ce mandat : une réunion mensuelle, la réception des associations et de nombreux déplacements. J'assurerai mes engagements.

H.fr : Vous êtes également membre de la délégation aux droits des femmes. Aurez-vous une action spécifique envers les femmes handicapées ?

MCC : Oui car je suis déjà intervenue sur ces questions et suis en relation avec une association de femmes handicapées. J'ai travaillé également avec l'APF (Association des paralysés de France) sur la question de la pauvreté des femmes. Je prévois de donner un ton particulier à ce sujet car elles sont soumises à de nombreuses contraintes et responsabilités, aussi bien familiales, professionnelles que sociales, d'autant plus difficiles à assumer lorsqu'on est en situation de handicap. Je veillerai tout particulièrement à la question de l'éducation des enfants car, dans ce domaine, elles ont vraiment besoin d'être soutenues.

H.fr : Justement, que pensez-vous du bilan de la récente Conférence nationale de lutte contre la pauvreté à qui l'on reproche de ne pas avoir abordé la question des personnes handicapées alors que deux millions d'entre elles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Une indifférence qui provoque la colère des associations concernées...

MCC : Il s'agissait d'aborder la question de la pauvreté au sens large, qui concerne évidemment les bénéficiaires de l'AAH (Allocation adulte handicapé), et il n'y avait donc pas lieu de distinguer des sous-catégories, comme pourraient l'être aussi les jeunes... Il est important de conserver cette vision de l'accès au droit commun pour tous, sans avoir à établir des paliers de pauvreté, sans devoir cloisonner la population. Les personnes handicapées étaient évidemment présentes dans tous les esprits.

H.fr : Oui, mais en attendant, le relèvement du plafond de la CMU (Couverture maladie universelle) reste limité et ne permet toujours pas aux allocataires de l'AAH d'en être bénéficiaires...

MCC : C'est l'un des sujets sur lesquels je peux déclarer que cette décision n'est pas définitive ! Nous allons travailler, dans toutes les préparations budgétaires, sur cette question.

H.fr : En 2013, quel sera votre chantier prioritaire ?

MCC : S'atteler à l'accessibilité ! La sénatrice Claire-Lise Campion, qui a été missionnée sur ce sujet, présentera son rapport à l'Assemblée fin décembre. En tant que députée, par exemple, j'y travaille en me mettant en relation avec les commerçants de mon département, en reprenant au cas par cas les dossiers les plus compliqués. Certaines communes ne font pas grand-chose ; il faut leur redonner de l'élan, mais aussi trouver des solutions d'accompagnement financier.

H.fr : Quelle impulsion, quelle « identité » comptez-vous donner à votre mandat ?
MCC : Une volonté affichée de poursuivre. Ne pas faire fi de ce qui a déjà été réalisé pour faire autrement. Je vais consolider ce qui a été acté pour aller plus loin encore sur les autres étapes. Par ailleurs, les actions du CNCPH, qui existe pourtant depuis 1975, restent encore trop confidentielles. Notre conseil doit donc s'ouvrir pour être en phase avec les autres acteurs de la société (les enseignants, les entreprises...) qui ont aussi leur mot à dire sur le sujet du handicap. Cela permettra également de mieux faire passer les messages auprès de l'opinion publique. Faire connaître, ouvrir, associer : c'est comme cela que nous franchirons de nouvelles étapes !

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