Des collégiens dans la peau d'une personne handicapée

Lors des 2e Journées handi-citoyennes à Montpellier, une centaine de collégiens se sont glissés dans la peau de leurs camarades handicapés. 14 ateliers ludiques pour mieux comprendre la différence.

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Canne blanche et bandeau sur les yeux, en fauteuil roulant ou un casque sur les oreilles, une centaine de collégiens se sont glissés à Montpellier dans la peau de leurs camarades handicapés. Dix ans après l'adoption de la loi handicap de 2005, Jean-Christophe Parisot, seul préfet tétraplégique et sous assistance respiratoire, a lancé la deuxième édition des Journées handi-citoyennes, sur le thème « Différent... comme tout le monde ». Parrainée par l'humoriste Kev Adams et l'actrice Agnès Jaoui, ainsi que par les sportifs handisport, cette initiative a pour ambition « de changer durablement » le regard sur le handicap de 7 000 élèves de 5e du Languedoc-Roussillon et de Provence-Alpes-Côte d'Azur.

14 ateliers de mise en situation

Pour les déficiences auditives, visuelles et motrices, quatorze ateliers illustrent chacun un aspect des difficultés de la vie des personnes handicapées ou âgées. « Fais-la se promener, ta canne ! », Halima, élève infirmière, guide des élèves qui marchent dans le noir. Des chaises ont été installées pour pimenter le parcours. « Que c'est compliqué ! », s'écrient Manon et Margaux à la fin de l'exercice. « On ne sait pas où aller », remarque Manon. « Les personnes qui ne voient pas, il faut les féliciter. Parce que tous les jours comme ça...», renchérit Margaux. « L'idée de ce programme, c'est de rester ludique », observe Armande Le Pellec Muller, recteur de Montpellier, une académie qui accueille 10 730 élèves handicapés, dont 7 530 en classes ordinaires.

Rester ludique

Dans un autre atelier, les jeunes apprennent à circuler en fauteuil roulant. Il s'agit de franchir puis de se faufiler dans un passage trop étroit. « C'est assez dur ! », souffle Killian, après plusieurs tentatives. « C'est vraiment compliqué pour ceux qui vivent ça tous les jours », constate Hanane. Et les deux gamins, comme beaucoup d'autres, de promettre : « Si je vois une personne handicapée en difficulté, je l'aide ». La langue des signes a fait sourire Enzo et ses potes. La professeure a raconté une anecdote : « Il y a 30 ans, le signe de la femme c'était des seins. On ne peut plus aujourd'hui. Maintenant, on touche la joue, en allusion au maquillage ». A l'atelier consacré à l'hémiplégie, Lucie montre comment on s'habille, ouvre une bouteille, ferme un paquet d'une seule main. L'un des collégiens fait tout tomber, les autres rient.

Future « matière » dans les collèges ?

Le préfet Parisot observe les élèves avec satisfaction. Son idée, soutenue par le ministère de l'Éducation nationale, concernait en 2014, 3 500 élèves du Languedoc-Roussillon. Cette fois, l'initiative vise d'ici novembre le double avec en plus le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. « A terme, je souhaite que cette mise en situation soit intégrée, comme aux États-Unis, dans les cours des collèges et touche tout le territoire français », souligne M. Parisot. « Le handicap est un levier important pour comprendre qu'on a tous besoin les uns des autres », fait valoir le préfet, constatant que les élèves des quartiers difficiles avaient, l'an passé, adhéré plus facilement que les autres à ce programme : « Des jeunes sur le point de décrocher se sont rendu compte qu'il y avait des personnes qui souffraient de problèmes plus graves que les leurs ».

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