Victimes du 13 novembre 2015, blessures de guerre... lasse !

2 ans que ceux qui n'ont pas perdu la vie dans les attentats du 13 novembre tentent de s'y accrocher. Dans Sorties de secours, Caroline Langlade, rescapée du Bataclan, raconte son parcours du combattant pour faire reconnaître la blessure psychique.

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13 novembre 2015. Deux ans. Eprouvant anniversaire… Il y aura des cérémonies officielles, des gerbes déposées, des minutes de silence, à Paris, à Saint-Denis. Certains y ont perdu la vie, d'autres ont survécu. Mais comment ? « Ce qui m'importe, c'est de réparer les vivants », affirme Caroline Langlade en couverture de son livre Sorties de secours paru aux éditions Robert Laffont en octobre 2017. Un livre qui se lit en une lapée tant il est riche, puissant et bienveillant. Et surtout profondément optimiste.

Chanceuse ou victime ?

Caroline (interview en lien ci-dessous) est une rescapée du Bataclan. Elle est l'une des 40 personnes qui se sont retrouvées otages des terroristes dans une loge de sept mètres carrés pendant plus de trois heures. Sauve mais pas pour autant saine. Pour autant, peut-elle être considérée comme une « victime » ? Une victime n'est-elle pas forcément morte ? On les compte, on les dénombre, on lit leur nom lors des hommages… Et les autres, ces centaines de blessés dans leur chair mais aussi dans leur âme ? Certains lui affirment qu'elle a eu « de la chance ». Sa « chance » c'est une vie bouleversée, la trouille au ventre dans les lieux publics, et partout ailleurs, des cauchemars incessants, un bégaiement, une prise de poids, les cheveux qui tombent, des maladies qui apparaissent au fil des mois… Caroline se dit, pudiquement, « bien amochée ».

Life for Paris

Elle mène, avec l'association Life for Paris qu'elle a cofondée et regroupe plus de 700 victimes, un vrai combat pour faire reconnaître les blessures dites psychiques comme de vraies blessures physiques. L'état de stress post-traumatique (ESPT) engendre en effet de multiples symptômes comprenant des altérations cognitives et du système nerveux. Des semaines, des mois et souvent des années après… Caroline explique qu'ils « plongent le corps dans un état de stress permanent entraînant toutes formes de pathologies, voire l'apparition de maladie du sang, de la moelle osseuse ou d'une sclérose en plaques ». Certains ont même développé des pathologies de personnes âgées. Ils n'ont que 30 ans…

L'amour, c'est les autres…

Sa « chance », ce sont aussi les autres. Ceux qu'elle a rencontrés par la suite, soutenus, accompagnés parce que « aider les autres c'est s'aider soi-même ». Il y a tant à faire pour tenter de guérir les blessures visibles et invisibles de cette nuit en enfer. Les combats de cette association vont permettre de changer la donne et de mieux prendre en compte les préjudices subis par toutes les « victimes ». Ce « clan des anciens combattants », comme le surnomme le compagnon de Caroline, grâce à la solidarité et l'entraide, a trouvé la force de survivre. De vivre ?

Récit passionnant, préfacé par François Hollande, Sorties de secours s'achève par des annexes pratiques qui permettent de comprendre les mécanismes de l'aide aux victimes, les démarches à engager rapidement, la prise en charge par la Sécurité sociale ou l'indemnisation.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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