Le pape dénonce la marginalisation du handicap

Le pape François a dénoncé, devant 20000 personnes malades et handicapées, la dépression, "pathologie de la tristesse" de la société contemporaine et la marginalisation des personnes handicapées, "ce qui est imparfait devant être masqué".

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Quelque 20 000 personnes malades ou handicapées étaient venues à Rome du 10 au 12 juin. Le Vatican a fait de ce Jubilé qui leur est dédié un temps fort de l'Année sainte de la miséricorde, rappelant l'importance du respect des malades dans l'enseignement de la foi chrétienne. A l'occasion de la messe solennelle, l'évangile du jour a été joué pour la première fois par un groupe de personnes avec un handicap mental portant des costumes de l'époque de Jésus, qui ont mimé avec des gestes le récit de la femme pécheresse qui verse un parfum sur les pieds du Christ. Lors de la cérémonie retransmise en mondiovision, une jeune aveugle a prononcé une lecture à partir d'un missel en braille. Les textes du jour ont été traduits par des sourds dans la langue internationale des signes. Des enfants trisomiques ont servi la messe. La communion a été distribuée à des milliers de personnes en fauteuil roulant.

Maintenues dans des « enceintes »

« Ces temps-ci, a dénoncé le pape, on considère qu'une personne malade ou portant un handicap ne peut pas être heureuse, parce qu'elle est incapable de mener le style de vie imposé par la culture du divertissement ». « À cette époque où un certain soin du corps est devenu un mythe de masse et donc une affaire économique, ce qui est imparfait doit être masqué, parce que cela porte atteinte à la sérénité des privilégiés et met en crise le modèle dominant ». « Il vaut mieux maintenir, a-t-il dénoncé, ces personnes séparées dans une "enceinte" - peut-être dorée- ou dans les "réserves" du piétisme et de l'assistantialisme (...) Dans certains cas, on soutient même qu'il vaut mieux s'en débarrasser parce qu'elles deviennent un poids économique insoutenable en un temps de crise ».

La « pathologie de la tristesse »

François a opposé « la thérapie du sourire », qui peut redonner le désir de vivre à « la pathologie de la tristesse ». « Aujourd'hui, l'une des plus fréquentes pathologies est aussi celle qui touche l'esprit (...) Lorsqu'on fait l'expérience de la trahison dans les relations importantes, alors la tentation de se replier sur soi devient très forte ». François a souligné que certains malades mettent tout leur espoir dans la science, pensant que « quelque part, il existe un médicament à même de guérir ». « Même s'il y avait un tel médicament, il serait accessible à très peu de personnes ».

Une des choses les plus moches : la discrimination

La veille, le pape François avait par ailleurs fustigé les curés qui n'accueillent pas tout le monde dans leur église, les invitant à « fermer » leurs portes plutôt de rejeter certains. Parlant dans la grande salle Paul VI avec des petits enfants trisomiques assis à ses pieds en train de jouer, Jorge Bergoglio a réagi avec émotion à une question d'une petite fille italienne, Serena, qui lui disait ne pas se sentir bien accueillie dans sa paroisse et ne pas comprendre pourquoi elle n'était pas autorisée à recevoir la communion. « Serena, tu me mets en difficulté, parce que si je dis ce que je pense ! Tu as parlé d'une des choses les plus moches qui existent parmi nous : la discrimination ! Dire : "Tu n'es pas comme moi, va-t-en ailleurs !"(...) Je pense à un prêtre qui n'accueille pas tout le monde. (Et je luis dis) Ferme ta porte s'il te plait. Car (dans l'Eglise catholique) c'est tout le monde ou personne », a martelé François.

Une préparation au sacrement en langue des signes

Le pape François a rappelé que son lointain prédécesseur Pie X (1903/1914) avait scandalisé au début du siècle dernier de nombreux responsables de l'Eglise en recommandant que la communion soit administrée aux enfants et pas seulement aux adultes. A cette époque, beaucoup disaient qu'« un enfant ne comprend pas », a-t-il rappelé. Le pontife argentin a souligné l'importance d'une préparation à ce sacrement, qu'une personne soit handicapée ou non, enfant ou adulte : « Si tu ne comprends pas la langue, par exemple si tu es sourd, tu devrais avoir la possibilité de te préparer avec la langue des signes », a-t-il recommandé.

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