Victimes du désherbant : un poison dans votre jardin ?

La ministre de l'Écologie demande aux jardineries de ne plus vendre en libre-service le désherbant Roundup de Monsanto, le glyphosate étant jugé cancérogène "probable chez l'homme". Théo, atteint de malformations, en serait-il victime?

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Comment le fait de pulvériser un « célèbre » désherbant à base de glyphosate, sans protection, alors que Sabine était enceinte, a-t-il pu avoir de tels impacts sur la santé de son bébé ? Théo, qui a aujourd'hui huit ans, est né avec de graves malformations de l'œsophage et du larynx qui ont nécessité une trachéotomie (un trou à la base du cou) dès sa naissance pour l'aider à respirer (lire article en lien ci-dessous). Il a, depuis, subi des dizaines d'anesthésies générales pour la reconstruction de son œsophage, de l'entrée de son estomac, de son larynx...

Les effets néfastes des pesticides

Pendant des années, cette maman alerte les medias, le gouvernement. Sans réponse, sans espoir… Jusqu'à ce dimanche 14 juin 2015 où la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, demande aux jardineries de cesser la vente en libre-service dans les jardineries du désherbant vedette de Monsanto, le Roundup, afin de lutter contre les effets néfastes des pesticides. « La France doit être à l'offensive sur l'arrêt des pesticides », a déclaré la ministre. « Elle doit être aussi à l'offensive sur l'arrêt des pesticides dans les jardins et je vous annonce que j'ai demandé aux jardineries d'arrêter de mettre en vente libre le Roundup de Monsanto », le géant américain des semences et de l'agrochimie, a-t-elle dit.

Cancérogène probable chez l'homme

Le Roundup avait été remis au centre de l'actualité après le classement en mars 2015 du glyphosate, son principe actif, comme cancérogène « probable chez l'homme », même si les « preuves sont limitées », par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Dans un communiqué transmis à l'AFP, le groupe Monsanto explique ne pas avoir à ce stade « d'information réglementaire concernant une évolution de l'autorisation de mise sur le marché du désherbant Roundup ». Il juge qu'« absolument aucune nouvelle donnée scientifique récente ne permet de remettre en cause cette autorisation » et estime que « dans les conditions recommandées d'utilisation figurant sur l'étiquette, le produit ne présente pas de risque particulier pour l'utilisateur ». Monsanto précise enfin qu'il continue « à travailler activement avec les autorités compétentes pour assurer la ré-homologation décennale européenne du glyphosate ».

Interdiction : un bon signal

« Si l'interdiction de la vente aux particuliers des pesticides type Roundup était anticipée, par la loi ou par des accords volontaires, ce serait évidemment un bon signal », indique de son côté à l'AFP Matthie Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Quant à la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (Fnath), elle a salué cette décision dans un communiqué, rappelant qu'elle « accompagne les victimes de ces produits ». « S'il est évidemment indispensable de renforcer l'information dans les jardineries pour les amateurs, c'est également l'utilisation des pesticides en milieu professionnel sur lequel il convient de travailler pour éviter le développement de maladies professionnelles », écrit la Fnath.

Des vendeurs certifiés

Cette annonce de Ségolène Royal intervient alors que l'association de consommateurs CLCV avait interpellé mi-juin 2015 les agences sanitaires françaises et européennes et le ministre de l'Agriculture sur le glyphosate, demandant notamment qu'il ne soit plus vendu en libre-service aux jardiniers amateurs. Dans la foulée, Ségolène Royal et le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avaient indiqué dans un communiqué le 11 juin 2015 qu'à compter du 1er janvier 2018, l'accès aux produits phytosanitaires pour les jardiniers amateurs ne pourra se faire que « par l'intermédiaire d'un vendeur certifié ». « L'acheteur amateur bénéficiera ainsi d'un conseil renforcé systématique lors de la vente de ces produits avec une information sur les interdictions à venir et les alternatives », selon ce communiqué. Stéphane Le Foll avait toutefois indiqué auparavant ne pas vouloir interdire le glyphosate, l'herbicide le plus utilisé en France.

© Cyril Comtat/Fotolia

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