Rio : " l'enfant requin " nage aussi pour sauver les squales

Le nageur Sud-Africain Achmat Hassiem, amputé de la jambe droite à cause d'un requin, vit ses derniers Jeux paralympiques, avant d'entamer une carrière d'avocat. Son objectif ? Défendre les squales à l'échelle internationale.

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Lorsqu'Achmat Hassiem nage dans le grand bassin des Jeux paralympiques, il se motive en pensant qu'il est poursuivi par un requin. Le même qui lui a pris la moitié de sa jambe droite en 2006. Hassiem et les requins sont inextricablement liés depuis ce jour, au large de Cape Town, où un grand requin blanc l'a attrapé alors qu'il participait à un exercice de sauvetage sur une plage. Ce jour-là, le prédateur a failli le tuer. Mais sa blessure l'a conduit aux Jeux paralympiques. Après ses troisièmes et derniers Jeux, Achmat Hassiem, 34 ans, débutera une nouvelle carrière : celle d'avocat globe-trotter pour sauver les requins de la surpêche.

Un surnom de superhéros

« Mon surnom c'est « l'enfant requin », tout le monde m'appelle comme ça, déclare-t-il à l'AFP après avoir participé au 100 m nage libre. Mon frère trouve que cela fait un peu superhéros comme nom et je crois que j'aime bien cette idée d'être un superhéros.»
Lorsque que le nageur enlève sa prothèse, décorée aux couleurs de l'Afrique du Sud, et plonge dans la piscine bleu pâle de Rio, il repense à ce moment où il a failli vivre son dernier grand bain. « J'utilise cette peur quand je suis en compétition, poursuit-il. J'imagine qu'un grand requin blanc de 4,7 mètres est derrière moi, cela me pousse à aller plus vite. »

Face à face avec un prédateur

Le 13 août 2006, Hassiem et son jeune frère Tariq jouaient les rôles de victimes lors d'un exercice de sauvetage en mer organisé sur une plage de la station balnéaire de Muizenberg. Alors qu'il attend d'être secouru par un bateau, Hassiem remarque quelque chose de gris s'approcher de son frère. « J'ai cru que c'était un dauphin ou un phoque. Et j'ai décidé de regarder sous l'eau. » En refaisant surface, il se met à crier. Son frère était sur le chemin d'un énorme requin.

Craignant que le bateau n'arrive pas à temps, il se met à taper très fort sur l'eau pour le faire fuir. Mais une fois que le requin quitte le chemin de son frère, c'est pour sa vie que le jeune homme prend peur. « En quelques secondes, je me suis retrouvé face à face avec lui », raconte-t-il. Luttant pour rester le plus loin de sa bouche, il essaie même de monter sur son dos. Mais remarque que sa jambe ne veut pas suivre. « C'est là que j'ai vu que la moitié de ma jambe était déjà dans sa bouche ». Le prédateur le traîne ensuite sous l'eau pendant 50 mètres. « La même distance que dans une piscine olympique », note le nageur. C'est seulement une fois que sa jambe est complètement brisée qu'Hassiem peut remonter à la surface et être sauvé.

Gardien global des requins

Sans sa jambe droite, son rêve de devenir footballeur professionnel s'envole. Mais la championne olympique et paralympique sud-africaine Natalie Du Toit Aidé l'encourage à nager. Depuis, Hassiem ne regarde plus en arrière. « J'ai pris possession de la piscine comme un requin dans l'océan », plaisante-t-il.
Achmat Hassiem a participé aux Jeux de Pékin en 2008 et gagné une médaille de bronze à Londres en 2012. Après Rio, la compétition s'arrêtera pour lui. « Maintenant arrive la partie la plus folle », sourit-il. Les Nations unies l'ont nommé l'an passé « gardien global des requins ». « Cela signifie que je vais travailler à leur sauvegarde dans le monde entier. Je vais devenir une sorte d'avocat ou d'ambassadeur des requins ».

Non à la surpêche

Loin de ressentir de la haine ou de la rage envers cet animal qui lui a presque enlevé la vie, le champion se sent le devoir d'empêcher la surpêche qui détruit des populations entières de requins et menace de briser la chaîne alimentaire. « Les statistiques sont terribles. Quelque cent millions de requins sont tués chaque année. Il y a plus d'hommes assassinés par des grille-pain que par des requins », ajoute-t-il. En regardant ce qu'il a accompli depuis sa terrifiante rencontre, il estime qu'il doit « rendre aux requins ce qu'ils ont fait pour lui ».

© Simon Bruty / OIS

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