Bebe Vio, victoire sur le handicap à la pointe du fleuret

Victime d'une méningite à 11 ans, Béatrice Vio est amputée des 4 membres. Son rêve de refaire de l'escrime lui permet d'abréger son séjour à l'hôpital. La médaillée d'or à Rio a remporté le titre au championnat du monde d'escrime fauteuil.

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Par Franck Iovene

En Italie, elle est devenue une icône, un modèle de courage à l'enthousiasme communicatif. Une place que l'escrimeuse paralympique Beatrice Vio a gagnée de haute lutte en surmontant la maladie, puis le handicap, jusqu'à atteindre les sommets dans sa discipline. « Ma devise, c'est "La vie c'est trop bien !"», lance dans un rire Beatrice, qui a remporté le 8 novembre à Rome le titre de championne du monde de fleuret handisport,  après avoir conquis l'or paralympique l'an passé à Rio. L'Italie accueille en effet les championnats du monde IWAS d'escrime fauteuil, du 7 au 12 novembre 2017 (site en lien ci-dessous).

Les dégâts d'une méningite

La formule, qu'elle répète à l'envi, prend toute sa force lorsque la jeune athlète de 20 ans se retourne sur ses neuf dernières années, après ce jour fatidique de novembre 2008. « J'avais 11 ans et je suis tombée malade. C'était une méningite fulminante à méningocoque C », raconte dans un entretien à l'AFP celle que l'Italie appelle affectueusement « Bebe ». « Deux ans plus tôt, ma mère avait demandé au médecin si elle devait me faire vacciner parce qu'un enfant qui vivait près de chez nous avait eu la maladie mais on lui avait répondu que j'étais trop jeune et qu'il ne fallait pas s'inquiéter », ajoute cette native de Vénétie aux yeux azur et à la coupe blond platine. La méningite nécrose ses quatre membres et Bebe Vio ne doit sa survie qu'à l'amputation de ses jambes et de ses avant-bras. La maladie cause aussi des dégâts sur son visage, encore gravé de cicatrices.

Comme un Lego

Suivront plusieurs mois d'hospitalisation au cours desquels elle réapprend à vivre à force de séances de rééducation motrice et de kinésithérapie. « J'ai aussi pu compter sur le soutien de mon père qui, bien que ce ne soit pas son métier, a mis au point avec un centre d'orthopédie spécialisé les prothèses avec lesquelles on m'a reconstruite, un peu comme un Lego », plaisante-t-elle. « Passée une période difficile, ce qui m'a permis d'abréger mon séjour à l'hôpital c'est mon rêve de refaire de l'escrime, sport que je pratique avec passion depuis l'âge de 5 ans », explique la pétillante fleurettiste, débordante d'énergie. Unique escrimeuse au monde amputée des quatre membres, elle utilise un fleuret identique à celui des valides. Et si ses prothèses de jambes lui permettent de marcher presque normalement, c'est en fauteuil roulant qu'elle pratique sa discipline.

Hôpital : une perte de temps

« Je trouvais que l'hôpital était une perte de temps », se souvient l'athlète qui est retournée sur les bancs de l'école après trois mois et demi d'hospitalisation et a retrouvé les salles d'armes et la compétition un an seulement après être tombée malade. Un retour « à la vie normale » en un temps record que Bebe Vio doit à une ténacité hors normes et aussi à deux rencontres décisives : celle des deux sportifs amputés des jambes, le Sud-Africain Oscar Pistorius et l'ancien pilote de F1 italien, reconverti dans la course handisport, Alessandro Zanardi.

Bouge-toi !

« Tous les deux m'ont transmis le même message : "Tu es amputée, eh bien tu t'en fiches. Bouge-toi et va faire ce que tu as envie de faire"», résume-t-elle. « J'ai eu la chance de les croiser grâce à mes parents, et aujourd'hui je me dis que c'est à moi d'être l'exemple à suivre, de servir de guide », ajoute-t-elle. Active sur les réseaux sociaux, très présente dans les médias - elle anime depuis la rentrée une émission dominicale sur la première chaîne publique -, Bebe Vio a vu sa célébrité décuplée l'an passé par sa médaille d'or paralympique à Rio. Elle fut porte-drapeau de l'Italie à la cérémonie de clôture des Jeux et invitée dans la délégation du chef de gouvernement de l'époque Matteo Renzi en visite officielle en octobre 2016 à la Maison Blanche. Elle avait d'ailleurs réussi son pari de faire un selfie avec Barack Obama. Elle a également reçu en février 2017 le trophée Laureus world sports award qui récompense le sportif handicapé de l'année.

Promouvoir la vaccination

Une notoriété que la sportive, également championne du monde et d'Europe, met au service de deux causes : son association Art4Sport, qui vient en aide aux personnes handicapées par le sport en leur procurant ce dont ils manquent, et aussi la vaccination. « Je me bats pour que tout le monde, enfants et adultes, soit vacciné. C'est une chose facile à faire et qui peut éviter bien des emmerdes...», plaisante-t-elle alors que la question des vaccins obligatoires fait débat en Italie.

© Wikimedia Commons

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