Nouveau sur handicap.fr ! En 2017, chaque mois, votre media en ligne vous propose un vaste dossier thématique, comprenant une série d'articles identifiables à un logo loupe sur fond orange. Pour initier ce rendez-vous, voici une enquête sur les bénéfices que les nouvelles technologies peuvent apporter aux personnes handicapées. Premier volet sur les innovations dévoilées lors du CES 2017, « The » salon électronique de Las Vegas.
Par Sophie Estienne
Grâce aux progrès de la robotique et de l'intelligence artificielle, le secteur technologique offre de nouveaux espoirs pour améliorer la qualité de vie des personnes handicapées. La startup américaine BrainRobotics présentait ainsi du 5 au 8 janvier 2017, lors du salon d'électronique CES de Las Vegas (États-Unis) une prothèse de main capable d'interpréter les signaux envoyés par les muscles résiduels de l'utilisateur. Le fondateur de BrainRobotics, Bicheng Han, dit vouloir « fournir une prothèse à bas coût » mais « fonctionnelle », permettant un contrôle précis de la force exercée par chaque doigt.
Pour moins de 300 dollars
L'entreprise ambitionne une commercialisation d'ici un an pour moins de 300 dollars, quand les produits similaires actuels peuvent selon elle en atteindre plusieurs dizaines de milliers. « L'utilisateur peut contrôler (la prothèse) en se servant de la force de ses muscles », comme il le ferait de manière naturelle pour bouger les doigts de la main, selon Kacper Puczydlowski, un expert expliquant le fonctionnement du prototype à Las Vegas. Le système d'intelligence artificielle repère certaines caractéristiques de ces signaux musculaires, comme leur ampleur par exemple, et « les passe à travers un algorithme de classification » qui « sépare les différents types de geste » (poing fermé, index levé, etc). Il transmet ensuite celui qu'il a identifié et son intensité au moteur de l'appareil, détaille-t-il. La prothèse est calibrée initialement pour chaque individu en « entraînant » l'intelligence artificielle : l'utilisateur fournit une base de données de comparaison en répétant chaque « geste » à plusieurs reprises. La procédure, qui peut se faire à domicile, « devrait prendre moins d'un mois pour un utilisateur moyen, avec au moins 50% de musculature résiduelle », selon Kacper Puczydlowski.
Entendre les images
L'intelligence artificielle peut aussi venir en aide aux personnes malvoyantes. Facebook et Microsoft, notamment, ont dévoilé l'an passé des systèmes capables de « voir » des images et d'en décrire le contenu pour les personnes aveugles. La société israélienne Orcam présente pour sa part au CES un petit appareil baptisé MyEye, qui s'adapte assez discrètement sur une branche de lunettes et est commercialisée depuis peu en France par l'intermédiaire d'Essilor. Le dispositif intègre une caméra, qui « regarde » ce qui est devant l'utilisateur ou ce qu'il montre du doigt, et un haut-parleur qui lui parle à l'oreille. Il peut lire un texte, identifier des produits au supermarché ou des personnes, grâce aux technologies de reconnaissance visuelle d'une autre société israélienne avec laquelle Orcam partage un fondateur, MobilEye. Cette dernière est également fortement impliquée dans un autre domaine susceptible d'améliorer la mobilité des personnes handicapées : les voitures autonomes.
Un appareil auditif connecté
Chez le danois Oticon, ce sont les objets connectés de la maison qui parlent à l'oreille du consommateur, malentendant cette fois : l'appareil auditif connecté que montre l'entreprise au CES peut par exemple recevoir un message, directement dans l'oreille de son utilisateur, quand quelqu'un sonne à la porte, ou déclencher automatiquement la cafetière quand on l'allume le matin, suggère une porte-parole de l'entreprise.
Bouger avec des exosquelettes
Hyundai ambitionne de son côté de s'attaquer à la paralysie avec des exosquelettes robotisés. « Un prototype présenté au CES s'adresse plus particulièrement aux personnes paraplégiques, auxquelles il rend la capacité de se lever, marcher ou monter des escaliers », détaille Jung Kyungmo, un ingénieur de recherche du groupe sud-coréen. L'appareil, baptisé H-MEX, longe le bas de la colonne vertébrale et tout l'arrière des jambes, avec des attaches au niveau de la taille, des cuisses, des genoux et des pieds. Un système de motorisation permet de déclencher des mouvements de rotation au niveau des articulations, depuis des boutons de commande placées sur les béquilles et par l'intermédiaire d'une connexion sans fil.
Des études cliniques en cours
« Nous n'avons pas de plan pour produire des produits grand public », prévient Jung Kyungmo, mais « nous faisons des études cliniques dans des hôpitaux » pour le modèle H-MEX. Le milieu médical, et plus particulièrement les centres de rééducation, c'est également le marché visé par la startup Japet de Lille pour son exosquelette lombaire Atlas. Le dispositif repose sur quatre colonnes motorisées qui s'étirent « pour décompresser la colonne verticale et soulager les douleurs lombaires », explique un des cofondateurs, Damien Bratic. Japet espère commercialiser son produit d'ici fin 2017 ou début 2018, et n'exclut pas, par la suite, de le décliner pour les problèmes au niveau des cervicales, ou pour les myopathies.
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