Hébergement : les modèles pour personnes handicapées (1)

Le marché de l'hébergement pour personnes à mobilité réduite fait l'objet de plus en plus d'attention de la part des fabricants.

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Les campings peuvent attirer une clientèle complémentaire, mais ils doivent aussi se préparer rapidement à une évolution de la réglementation de l'accueil des personnes handicapées.

Par Frédéric Lutz

Faire une animation autour d'un mobile-home pour personnes handicapées, ce n'est pas courant, mais Ridorêv' l'a fait à Campo Ouest, en lançant l'Andaro en présence de quelques personnalités et représentants d'associations.
Hervé Piveteau, responsable du design chez Ridorêv', explique : «en 2008, un de nos clients a engagé des démarches pour que son camping obtienne le label « tourisme et handicap ». Nous avons fabriqué un premier prototype, et réalisé trois évaluations. Notre Andaro répond donc aux normes existantes, mais il va encore évoluer, avec davantage de signalétique pour les personnes handicapées visuels et une plus grande adaptation de la cabine sanitaire ». Annette Masson, présidente de l'association Tourisme et Handicaps, exprime d'ailleurs son satisfecit : « J'ai apprécié que les responsables de Ridorêv' déclarent qu'un mobile-home pour personnes handicapées n'est pas une fin en soi, mais que cela doit aller de pair avec l'ensemble des prestations d'un camping. Pour moi il n'y a que deux modèles vraiment conformes au handicap moteur, le O'Hara Life et l'Andaro ». Bernard Deche, chargé de mission du Groupement pour l'Insertion des personnes Handicapées Physiques (GIHP) en Aquitaine, estime au contraire que « les différents modèles pour personnes handicapées sont conformes à la loi de 2005. Parfois, il existe un problème d'interprétation des textes, avec des détails comme la rotation d'un fauteuil qui peut se faire à l'entrée d'une pièce ou à l'intérieur de celle-ci ». Ce même M. Deche a lui-même décerné des labels GIHP à certains fabricants, dont IRM. « Ce label était attribué il y a quelques années, après contrôle par un représentant de comité départemental du tourisme et un représentant d'association. Mais aujourd'hui, on ne l'utilise plus, il suffit de se conformer précisément à la réglementation ».

La rentabilité est possible

De fait, le mobile-home ou le chalet pour personnes handicapées représente un gros investissement pour un fabricant en regard du nombre de pièces vendues. Jo di Paola,directeur commercial d'IRM, avoue, comme beaucoup de ses concurrents, qu'il s'agit d'un marché de niche, mais qu'il faut en avoir un au catalogue pour faciliter les ventes. Du coup, le prix de vente aux campings est plus élevé que la moyenne. L'Hélios d'IRM s'affiche à 17 900 € HT alors qu'un autre modèle standard de 32 m2 comme le Riviera est à 14 700 € HT. Le Vivario de Louisiane, de 32 m2 également, coûte pour sa part 20 400 € HT, tandis que l'Andaro (31 m2) est à 17 750 € et l'Handilodge Rapidhome (34 m2) à 17 000 € HT . « Le surcoût vient aussi de la cabine de douche spécifique » explique Jo di Paola. Même écho chez Sun Chalets, dont le directeur technique, Jérôme Pillaud, précise : « Le nœud du problème, autour duquel s'articule tout l'habitacle, c'est la salle d'eau, car il faut pouvoir intégrer les wc, la douche et une vasque, tout en étant parfaitement accessible et étanche ». C'est d'ailleurs dans la salle d'eau qu'Annette Masson voit les principaux défauts des hébergements pour personnes handicapées : « les fabricants font contrôler parfois leurs produits par une personne qui n'a pas un handicap très lourd », reproche-t-elle, « un individu qui reste agile ou qui a un petit fauteuil, alors qu'il faudrait aller plus loin dans les exigences pour vraiment satisfaire cette clientèle ». Yvan Thébaud, responsable commercial et marketing chez Rapidhome, réagit à ces propos : « Doit-on faire un mobile-home qui soit complètement médicalisé ? Nous avons conçu notre Handilodge pour des personnes handicapées, pas pour des malades lourdement atteints qui ont forcément un accompagnateur. Mais cela ne nous empêche pas de soigner la décoration intérieure». Car le vrai problème, c'est celui de la rentabilité locative. Jérôme Pillaud déclare qu'« une HLL qui ressemblerait trop à un hôpital ne pourrait pas être loué. Nous avons fait un chantier de dix chalets pour la ville d'Annecy, qui vise d'abord une clientèle de personnes âgées ». La même conviction habite Hervé Piveteau : « l'agencement des modèles pour personnes handicapées ouvre de nouvelles solutions spatiales pour les mobile-homes classiques. Je pense à la population des obèses, qui a du mal à se mouvoir ». Renée Pouget, gestionnaire du camping La Mer, au Cap d'Agde (34), se satisfait pour sa part de ses installations : « Au départ nous avions choisi d'accueillir des clients handicapés pour nous différencier, et avoir un complément de clientèle. Nous avons reçu le label Tourisme et Handicap. Nous proposons un chalet qui est loué les trois quarts du temps par des personnes handicapées et qui pour le mois d'août 2010 est déjà complet ; mais les autres clients n'aiment pas trop ce type d'hébergement. Pourtant, il est complètement intégré dans le paysage et identique aux autres ».

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http://informations.handicap.fr/art-tourisme-culture-15.0.0.0-3180.php

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