Mucoviscidose: vers un traitement grâce à l'étoile de mer ?

Une start-up française a mis au point une molécule destinée à lutter contre la mucoviscidose à partir de la roscovitine, une protéine extraite d'oeufs d'étoiles de mer, qui a des effets antibactériens. Elle est en test sur 36 patients.

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Par Hervé Gavard

« Je suis optimiste, mais prudent », confie Laurent Meijer, le co-fondateur de ManRos Therapeutics. A Roscoff (Finistère), sa start-up a mis au point une molécule destinée à lutter contre la mucoviscidose et testée aujourd'hui auprès de patients atteints de cette maladie génétique.

Des effets antibactériens indirects

Laurent Meijer a découvert la roscovitine en 1995, alors qu'il travaillait au CNRS, sur des protéines (des kinases) extraites d'oeufs d'étoiles de mer. « Les kinases sont les régulateurs majeurs des cellules », explique Laurent Meijer. « Lorsqu'elles sont impliquées dans une pathologie, elles sont anormalement actives. L'idée, c'est de les réguler ou de les inhiber ». « C'est de façon inattendue que nous avons découvert les effets antibactériens indirects de la roscovitine, sa propriété principale dans son application à la mucoviscidose », explique Laurent Meijer, à quelques jours de l'AFM-Téléthon (articles en lien ci-desous). La molécule « va stimuler les pouvoirs bactéricides de notre propre organisme, c'est-à-dire stimuler la lutte naturelle contre les bactéries ». Or, précise le chercheur, ce sont « les pouvoirs bactéricides qui sont affectés chez les patients atteints de mucoviscidose », une maladie génétique qui touche plus de 6 000 personnes en France et environ 70 000 dans le monde. Cette altération explique les infections multiples dont sont victimes les malades.

36 patients en test

La molécule découverte par le scientifique a depuis été synthétisée et a fait l'objet de multiples études précliniques mais aussi cliniques auprès de 500 personnes, notamment en cancérologie, afin d'étudier sa tolérance. Depuis avril 2016, son efficacité est testée auprès de 36 patients atteints de mucoviscidose, répartis par groupes de 12. La fin des tests pour le premier groupe est prévue à la fin de l'année 2016/début 2017. Les autres groupes devraient prendre le relais en janvier 2017, avec des doses plus élevées. L'effet escompté du candidat médicament auprès des malades est double : d'une part un effet anti-inflammatoire, alors que la mucoviscidose affecte principalement les voies respiratoires et le système digestif. Par ailleurs, un effet antibactérien, sachant que les infections des poumons par différentes populations de bactéries représentent la cause majeure de mortalité. « Ce qu'on espère, c'est l'amélioration des capacités respiratoires et le confort des personnes », pointe Laurent Meijer.

Vers une 2e étude plus vaste

Par ailleurs, stimuler la lutte naturelle contre les bactéries évite aux patients de développer des résistances aux antibiotiques. « La roscovitine, par son action indirecte, ne devrait pas induire de résistance », assure Laurent Meijer. « On espère donc que la molécule aura un effet bactéricide continu, qui pourra être prolongé pendant des périodes assez longues ». Enfin, « comme elle ne s'attaque pas à une bactérie précise, c'est un spectre étendu de bactéries qui pourraient être touchées, donc ce sont des infections multiples qui pourraient être traitées », ajoute-t-il. A l'issue des tests sur les 36 personnes, « et selon les résultats, on envisage une deuxième étude, plus vaste, qui pourrait s'étendre sur toute l'Europe et les États-Unis, avec un plus grand nombre de patients (210 patients) et pour une durée plus grande », ajoute le cofondateur, avec Hervé Galons, de ManRos.

Garder espoir

Si Laurent Meijer estime qu'il « est trop tôt pour parler d'espoir », il assure : « Moi, de l'espoir j'en ai ». Ces recherches « donnent de l'espoir », affirme aussi Chrystelle Maret, la déléguée de Vaincre la mucoviscidose en Ille-et-Vilaine. « Il faut continuer », ajoute-t-elle. L'association participe au financement de celles menées par ManRos Therapeutics, la start-up ayant aussi levé des fonds à deux reprises. « On voit que depuis quelques années, ça avance très très vite, même si ça n'avance jamais aussi vite qu'on voudrait », estime Mme Maret, maman d'une adolescente de 16 ans atteinte de la maladie génétique. « Il faut garder espoir, grâce à ces recherches, un jour on va vaincre cette mucoviscidose. Il faut y croire, on n'a pas le droit de baisser les bras », conclut-elle.

© Pakhnyushchyy/Fotolia

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