Le Japon sans les yeux mais avec le cœur... une Palme d'or ?

Au festival de Cannes, le handicap est à l'honneur dans le film "Vers la lumière", officiellement en lice pour obtenir la Palme d'Or. Avec ce long-métrage, la réalisatrice Naomi Kawase signe un chef-d'œuvre sur l'amour du cinéma et... la cécité.

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La cinéaste japonaise Naomi Kawase fait son entrée tout en poésie, le 23 mai 2017, dans la compétition cannoise, avec Vers la lumière, variation sur ce qui disparaît, le cinéma et la cécité. Une jeune femme dont le métier est de décrire des images de films pour des spectateurs aveugles se rapproche d'un photographe qui perd peu à peu la vue ; Vers la lumière explore en moins de 2 heures « la beauté de ce que l'on voit pour la dernière fois », comme le dit l'un des personnages.

Focus sur l'audiodescription

L'idée du film est née de la découverte par la réalisatrice du travail d'un audio-descripteur sur son précédent film, Les délices de Tokyo. Ce métier est indispensable pour permettre aux malvoyants et non-voyants « d'accéder à un autre monde, celui du cinéma », a souligné en conférence de presse Naomi Kawase. Attentifs aux moindres détails, aux ambiances, aux émotions, « ils voient peut-être encore plus que le réalisateur lui-même l'essence du film » qu'ils doivent rendre en mots sans trahir, a ajouté Naomi Kawase.

Un grand travail sur la lumière

Vers la lumière, qui comporte plusieurs histoires dans l'histoire, est « un film qui traite de l'amour du cinéma », a-t-elle déclaré. J'ai envie de croire que les films resteront pour l'éternité. J'ai dédié mon âme au cinéma (...) et j'aimerais léguer ce film à tous les amoureux du cinéma. » Vers la lumière parlera aux spectateurs sensibles à la poésie mais d'autres pourraient le trouver lent et démonstratif. Il comporte tout un travail sur la « lumière, qui illumine tout et (dont) on a tendance à oublier l'existence », selon la réalisatrice. Elle a choisi de confier le rôle de la jeune femme à une actrice de 28 ans, Ayame Misaki, pour « ses yeux qui scintillent et captent les reflets ».

Devoir vivre son rôle

Le photographe qui perd la vue est interprété avec tact par Masatoshi Nagase, apprécié de Jim Jarmush (Mystery Train, Paterson en 2016 à Cannes) et de Naomi Kawase, qui l'avait fait jouer dans Les Délices de Tokyo. Pour le tournage, il a vécu plusieurs semaines avec des lunettes simulant le handicap et s'est entretenu avec des malvoyants : la réalisatrice « demande aux acteurs de vivre leur rôle », a-t-il expliqué.

La bande-son a été confiée au trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf. Plus jeune lauréate de la Caméra d'or à Cannes à 27 ans, en 1997, pour Suzaku, Naomi Kawase a été membre du jury en 2013. Avec ce 9e film, cette habituée de la Croisette est en lice à la Palme d'Or. Une récompense attribuée une seule fois dans l'histoire du festival à une femme, Jane Campion en 1993 pour La Leçon de piano.

© Vers la lumière / Naomi Kawase

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Aimée Le Goff, journaliste Handicap.fr"
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