Les femmes handicapées ont une vie sexuelle et maternelle...

Sexualité et maternité : comment vivent les femmes handicapées

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Evry, 7 mars
par Jean-François COURTILLE
 

Les femmes handicapées ont une vie sexuelle et maternelle au même titre que les autres femmes, mais elles la vivent de manière différente, ainsi qu'elles l'ont expliqué vendredi à Evry (Essonne) au
cours du colloque "Vie de femme et handicap moteur".
Ce colloque était organisé par l'Assistance publique des hôpitaux de Paris au Génocentre, espace de conférences de l'Association française contre les myopathies (AFM).
"Malgré la désapprobation de ma mère et de mon médecin, j'ai décidé de faire un enfant avec l'homme que j'aimais", a expliqué Martine Brochen, la quarantaine, handicapée moteur depuis l'âge de quatre ans.
"Les premiers temps après l'accouchement ont été difficiles, car je ne pouvais pas compter sur ma mère, et mon compagnon ne vivait pas à nos côtés. Ma fille s'est vite adaptée à mon handicap. Elle ne courait pas, sachant que je ne pouvais pas la suivre", a raconté Mme Brochen.
Bien épaulée par le monde médical, elle se bat pour gagner son pari.
Aujourd'hui, sa fille, une belle jeune femme "valide" de vingt ans, fait la joie de sa grand-mère, qui avait appréhendé si fort sa naissance.
Quant à Samya, la trentaine, française d'origine algérienne, poliomyélitique depuis l'âge de deux ans, elle s'est mariée et a eu quatre enfants, à la surprise de ses parents qui la croyaient inaccessible au désir amoureux et à la fécondité.
"50 % des femmes tétraplégiques ou victimes de lésions médullaires sont capables de vivre un orgasme au cours de l'acte sexuel", a révélé Brigitte Perrouin-Verbe, médecin de rééducation fonctionnelle à Nantes.

"un simple besoin de respect"

Présentant les résultats de plusieurs travaux récents menés sur la sexualité des femmes handicapées, elle a précisé que ces femmes "souffrent d'une dépréciation de leur image personnelle", et que leur accès au plaisir nécessite "plus de temps et de patience chez leur partenaire".
Bernadette Soulier, médecin sexologue, a souligné que les jeunes filles handicapées consultaient rarement des gynécologues, et étaient peu informées à propos de la sexualité.
Le professeur Jean-Claude Pons, chef du département obstétrique du CHU de Grenoble, a énuméré les principaux risques rencontrés par les femmes handicapées avant, pendant et après l'accouchement : infections urinaires, problèmes respiratoires et menaces d'accouchement prématuré.
"La moitié des femmes qui ont accouché dans notre service ont subi une césarienne", a-t-elle indiqué. "Elles rencontrent ensuite des difficultés dans la vie quotidienne pour élever leur bébé".
Le professeur Pons a jugé indispensable que ces femmes bénéficient d'un suivi gynécologique et respiratoire approfondi, sans oublier l'usage de la péridurale au moment de l'accouchement.
"40 % des femmes handicapées vivent en couple et 49,6 % d'entre elles ont un enfant", a rappelé Françoise Branchet, sage-femme. Elle espère que la société changera son regard sur ces femmes, qui n'ont besoin "ni de pitié, ni d'admiration, simplement de respect".

jfc/ed/reb

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