Comme toutes les semaines, Simon, paraplégique, se rend au supermarché près de chez lui. Sur sa liste : produits surgelés, légumes, yaourts, charcuterie… Depuis son fauteuil, il ne peut se saisir que de la moitié des articles sans demander de l'aide autour de lui. La situation de Simon n'est pas isolée. Et elle n'est pas en passe de s'améliorer… Cédrik Carotte, directeur de la délégation APF (Association des paralysés de France) Haute-Savoie le confirme, les clients en fauteuil roulant ou avec une canne sont trop régulièrement mis en difficulté quand il s'agit de faire leurs courses. « C'est le cas pour les produits surgelés mais aussi pour les autres rayons où les articles sont souvent trop hauts. » Alors que l'on se dirige vers la fermeture progressive des meubles frigorifiques ouverts dans les supermarchés et les hypermarchés au profit de meubles fermés à portes pour des raisons écologiques, cette mesure ne va pas faciliter la vie de certains…
La consommation de 500 000 personnes par an
La convention signée en janvier 2012 par le ministère de l'Écologie et la Fédération des entreprises de commerce et de la distribution a en effet pour but de diminuer la consommation énergétique de manière drastique. L'objectif était, à l'orée 2015, de 25%. Selon une étude publiée par le gouvernement, la fermeture de 75% des meubles frigorifiques d'ici 2020 permettra une économie de 2,2 TWh par an, soit la consommation d'un demi-million de personnes. Avec des portes à double-vitrage, l'économie sera de 50% par rapport à un meuble ouvert. L'étude pointe aussi le fait que leur fermeture « améliorera le confort des clients et des employés, en évitant la sensation de froid dans les rayons ». Mais aucune trace d'une quelconque préoccupation pour le confort des personnes à mobilité réduite…
Deux lois en conflit ?
Une contradiction par rapport à la loi handicap de 2005 visant à obliger les établissements, entre autres, à optimiser leur accessibilité pour les personnes handicapées ? « Ce qui est sûr, poursuit Cédrik, c'est qu'opposer deux lois est une erreur. Je crois que tous ceux qui sont concernés par ces mesures doivent se réunir autour d'une table afin de trouver le meilleur compromis. Notre pays a évidemment besoin d'économiser de l'argent mais il doit le faire intelligemment. » On peut alors regretter que l'avis des personnes handicapées n'ait pas été pris en compte. Ouvrir une porte lorsqu'on est en fauteuil roulant devient une nouvelle gageure. Un obstacle supplémentaire entre le client et le produit. Idem lorsque les bacs de produits surgelés sont munis d'un système coulissant. Alors pourquoi pas des portes automatiques ? En attendant qu'un compromis soit exploré, ce « lèche-vitrine » risque de laisser à certains un… goût amer !