Handicap.fr : Amputée d'une jambe après un accident de scooter, vous vous lancez dans l'athlétisme handisport…
MALF : Oui c'était en 2004. J'avais 15 ans. Je pratiquais l'athlétisme depuis l'âge de 6 ans et, avec le soutien de mes proches et toujours le même entraîneur, j'ai décidé de construire une carrière de haut niveau dans le handisport. J'ai deux titres de championne du monde sur les 100 et 200 m et une médaille d'or sur le 100 m lors des Jeux paralympiques de Londres en 2012.
H.fr : En 2014, APRIL innove avec le contrat « Aimants familiaux », jolie référence aux aidants familiaux qui accompagnent un proche handicapé. Vous en devenez la marraine, pour quelle raison ?
MALF : Lorsqu'on est confronté au handicap d'un proche, cela implique une organisation extrêmement rigoureuse et du temps et de l'énergie passés à trouver un établissement scolaire, un foyer d'accueil, à organiser des soins, compléter des dossiers administratifs... L'objectif de ce nouveau contrat est d'accompagner les familles dans leurs démarches et de les aider financièrement pour préserver l'équilibre en cas d'accident de l'aidant.
H.fr : Un parcours du combattant du handicap, tous l'évoquent… Mais, concrètement, quelle aide ce contrat « Aimants familiaux » peut-il apporter aux proches dans ce domaine ?
MALF : Lorsque vous « tombez » dans le handicap, du jour au lendemain, par accident ou à la naissance d'un enfant, vous ne savez pas à qui vous adresser. Ce fut le cas pour moi ; je n'avais aucune piste, aucun réseau. C'est pourquoi APRIL a décidé de mettre à la disposition des personnes concernées un « secrétaire particulier » qui leur apporte une aide personnalisée. Un gain de temps et de fatigue ! Ce conseiller connait bien les arcanes du handicap. Très pro, il a un œil aiguisé sur toutes les situations. Il m'a, par exemple, expliqué certaines spécificités du jargon administratif, et tout s'est dénoué.
H.fr : Aujourd'hui encore, onze ans après votre accident, vous avez besoin d'être aidée ?
MALF : Une chose est certaine, c'est que nous aurions vraiment eu besoin d'un tel appui à l'époque. Mais, aujourd'hui, sincèrement, lorsque je dois renouveler mes dossiers, j'ai encore besoin d'être épaulée. Il faut vraiment être expert pour venir à bout de la complexité administrative.
H.fr : C'est une prestation très sécurisante puisqu'un soutien juridique peut intervenir à tout moment…
MALF : Oui, au cas où, et dans presque tous les domaines en cas de litige (discrimination, travail, habitation…). Il y a même, pour les parents qui ont un enfant en situation de handicap, une aide financière en cas d'hospitalisation. Si tout cela a été prévu, c'est parce que les équipes d'APRIL se sont rapprochées de moi et d'autres familles et nous ont écoutés, et surtout entendus !
H.fr : Pourquoi vous êtes-vous engagée aux côtés d'APRIL ?
MALF : Parce que je crois que nous partageons des valeurs communes. Ce qui m'a plu, dès le début, c'est la notion d'engagement en faveur des personnes handicapées, avec l'objectif de les valoriser, de faire en sorte qu'elles vivent mieux, en libérant leur parole, dans un environnement qui les accepte davantage. A son échelle, APRIL tente de trouver des solutions plus justes, pour bâtir une société plus équitable. Voilà, j'ai confiance, et faire confiance, ça me parle ! Confiance en mes coachs, mon potentiel, mes objectifs… C'est ce qui me permet de me dépasser au quotidien. Dans la vie, dans le sport. Car, seul, on ne peut pas avancer.
H.fr : Cette confiance, APRIL vous l'accorde depuis 5 ans déjà en tant qu'athlète de haut niveau…
MALF : Oui, il était à mes côtés bien avant Londres et m'a offert un partenariat ancré dans la durée.
H.fr : Vous n'êtes pas salariée alors de quelle manière vous impliquez-vous auprès d'APRIL ?
MALF : J'échange avec ses services sur les besoins des personnes handicapées, avec ses collaborateurs et je m'investis dans les actions que mène le groupe, par exemple auprès des jeunes dans le cadre d'Unis-Cité. Lors de la dernière Semaine pour l'emploi des personnes handicapées, APRIL accueillait dans ses locaux, à Lyon, une cinquantaine de ses volontaires à l'occasion d'une formation pour leur service civique. Je suis intervenue auprès d'eux lors d'une conférence afin de les sensibiliser à la question du handicap, de combattre les idées reçues et ainsi leur permettre de relayer des messages forts.
H.fr : En contrepartie, quel soutien APRIL vous apporte-t-il dans votre carrière sportive ?
MALF : C'est mon sponsor ! Il finance les frais liés à la pratique de haut niveau comme mes prothèses de course ou de saut, ou la participation à des stages d'entraînement. Mais c'est aussi un précieux soutien humain, ce qui est loin d'être anecdotique. Lorsque vous êtes sur une compétition, dans la dernière ligne droite, c'est toujours très stimulant et agréable de recevoir des messages de collaborateurs sur votre mail perso. C'est aussi ce qui donne envie de se surpasser. Surtout dans les moments de doute ; c'est super motivant de savoir que d'autres croient en vous !
H.fr : Quels sont vos objectifs pour les Jeux paralympiques de Rio 2016
MALF : Les mêmes épreuves qu'à Londres : 100 m, 200 m et saut en longueur. Mais avec une préparation plus axée sur le saut. Je dois aussi me préparer au stress lié au changement climatique alors j'ai prévu quelques stages à l'étranger…