Par Isabelle TOURNÉ
PARIS, 09 oct 2012 (AFP) - Même s'il n'entend pas s'enfermer dans cette image Damien Abad espère contribuer à faire évoluer le regard de la société.
"Mon engagement politique n'est pas lié à mon handicap, ce serait tellement facile de jouer uniquement cette carte-là", assène-t-il d'emblée.
Elu en juin dans la 5e circonscription de l'Ain, ce jeune député UMP de 32 ans estime toutefois que "c'est un devoir" pour lui de "porter la parole des personnes handicapées" et de répondre aux nombreuses sollicitations qu'il reçoit sur le sujet. Atteint d'une maladie rare, l'arthrogrypose, qui bloque ses articulations et réduit sa mobilité, il peut, depuis la rentrée, siéger comme n'importe quel autre député dans l'hémicycle.
"D'importants travaux ont été réalisés cet été pour que je puisse m'asseoir normalement sur mon fauteuil en dépliant les jambes", dit-il. "Trois sièges sont maintenant accessibles pour des personnes comme moi, qui ne peuvent pas se déplacer facilement", se réjouit-il. Auparavant, le Palais Bourbon, où a été votée la loi handicap de 2005, ne lui était pas totalement accessible. Et, encore aujourd'hui, "impossible de faire passer un fauteuil roulant dans les rangs de l'hémicycle", indique Damien Abad. "Beaucoup en France reste à faire sur ce sujet", observe-t-il, alors que se déroule mardi la Journée mondiale du handicap.
"Les choses évoluent doucement, le regard de la société commence à changer", ajoute-t-il toutefois. "Si j'avais été élu député il y a dix ans, je ne suis pas sûr que j'aurais eu le même accueil à l'Assemblée".
Une discrimination moins médiatique
Alors que reste-t-il à faire ? "Il faut que les personnes handicapées puissent être considérées comme des personnes normales", juge le parlementaire.
Dans son propre parcours, le handicap ne semble jamais avoir été un frein. Cet ancien élu européen, diplômé de Sciences-Po, a voulu un siège à l'Assemblée pour "acquérir une indépendance politique". Car "vous êtes élu sur votre nom, pas sur une liste".
C'est vrai que pour mener campagne, il faut une bonne condition physique car c'est une très rude bataille de terrain", reconnaît-il.
De nombreux citoyens ont salué "son courage", mais, assure-t-il, "si j'ai pu m'attirer de la sympathie, c'est grâce à ma personnalité, pas en raison de mon handicap".
Lorsqu'il a gagné sa circonscription, devenant de fait le premier député handicapé de la cinquième République, il dit avoir ressenti de la "fierté" mais aussi "une lourde responsabilité". "J'espère être un exemple, ce n'est pas parce qu'on est différent qu'on n'a pas le droit de représenter les autres", se plaît-il à souligner.
Seulement, estime-t-il, "la discrimination envers les personnes handicapées est sans doute moins médiatique que d'autres".
"Je pense que l'on gagnera la partie en prenant en compte le handicap de manière transversale", estime aujourd'hui Damien Abad. Par exemple, lorsque la commission des Affaires économiques de l'Assemblée s'est penchée sur la question de la tarification progressive électrique, "on a alerté sur les surcoûts que cela pourrait engendrer pour les personnes porteuses d'un appareil respiratoire", souligne-t-il.
Le député en est convaincu: "il faut une politique globale du handicap, ce n'est pas un combat catégoriel mais celui de la société dans son ensemble".
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