L'information n'a pas fait grand bruit mais elle est de taille. Depuis début août 2015, l'unique auto-école de Nouvelle-Calédonie, collectivité française, formant des conducteurs en situation de handicap est dans l'impossibilité de les accueillir. Le véhicule adapté que la structure possédait ne fonctionne plus malgré de nombreux frais engagés il y a à peine un an. « C'est une carte électronique qui est à l'intérieur de la voiture et cela coûte 300 000 francs CFP (l'équivalent de 2 500 euros, ndlr), a indiqué Muriel Delathiere, la gérante de l'auto-école Le Lagon, à Nouvelle-Calédonie Première. Si je fais le calcul, en un an, cela représente 900 000 francs CFP pour une voiture qui ne vaut même pas ce prix. Pour aider ces personnes handicapées, j'étais obligée à chaque fois de réinvestir. Mais là, je ne peux plus. »
Environ 250 auto-écoles adaptées
Si ces personnes espèrent passer leur permis, elles seront donc obligées de sortir du territoire et de se former à l'étranger. Prendre l'avion pour des heures de conduite, vraiment ? Et pourtant… L'accessibilité du permis n'est aucunement mentionnée dans la loi de février 2005. La mise en place de véhicules adaptés dans une auto-école se fait selon le bon désir de son propriétaire, comme nous l'explique Claude Dumas, directeur général du Centre de ressources et d'innovation mobilité handicap (CEREMH). « Avec la loi de 2005, il n'y a rien. De plus en plus d'auto-écoles associatives émergent mais il existe clairement un manque global en France, contrairement à la Grande-Bretagne, par exemple », ajoute-t-il. Selon les estimations du CEREMH, qui répertorie chaque année les structures adaptées faute de chiffres officiels, on en compte environ 250 en métropole ainsi que dans les départements et collectivités d'Outre-Mer.
Et avec son propre véhicule ?
Faute d'aide, monter un tel projet dans le cadre associatif demande un investissement important. « Entre 80 000 et 100 000 euros en moyenne », selon Claude Dumas. Or, les retombées économiques sont si maigres que ceux qui se lancent dans l'aventure le font généralement « parce qu'ils ont quelqu'un de leur entourage qui est en situation de handicap ou parce qu'ils ont une réelle volonté d'aider l'autre ». Comme Muriel Delathiere, le directeur du CEREMH déplore l'absence d'aides publiques. « Ce n'est pas l'esprit de la loi de 2005 !, fulmine-t-il. Surtout que quelqu'un qui n'a pas le permis va dépendre de sa structure pour se déplacer et il y aura quand même des coûts. »
Une des solutions pour contourner cet écueil financier serait de se former à la conduite avec son propre véhicule adapté acheté ou équipé en amont. Cependant, les moniteurs de la quasi-totalité des auto-écoles classiques ne sont pas formés à ces voitures et ne souhaitent pas prendre de risque par rapport à leur assurance. Toujours est-il que le sujet du permis accessible, soumis au seul bon vouloir des structures, n'a pas encore trouvé écho du côté des pouvoirs publics.