Professionnels insuffisamment sensibilisés
Médecins généralistes, médecins spécialistes, chirurgiens-dentistes, infirmiers, sages-femmes et kinésithérapeutes, ils ont été 1 087 professionnels libéraux a participer à cette étude et leurs réponses mettent en évidence que la majorité d'entre eux évaluent aujourd'hui la douleur de leurs patients - 87% des médecins généralistes ou spécialistes, 87% des chirurgiens-dentistes, 83% des infirmières et 92,7% des kinésithérapeutes. Mais, aux dires de Jean-Noël Godefroy, chirurgien dentiste à Cherbourg, qui a présenté les principaux résultats de cette enquête aux , les outils standardisés d'évaluation de la douleur demeurent encore trop peu utilisés puisque la proportion de professionnels recourant à ce type d'outil atteint, au mieux 41,5% - médecins généralistes - contre 33% pour les spécialistes et les kinésithérapeutes, 25% pour les infirmiers pour atteindre les chiffres consternants de 7% pour les chirurgiens-dentistes et même 0% pour les sages-femmes !
Développer la formation et l'information
Alors que la prévention des douleurs liées aux gestes et aux actes de soins est l'une des priorités du programme 2002-2005 de lutte contre la douleur, seuls la moitié des médecins et les deux tiers des chirurgiens-dentistes disent mettre en oeuvre des moyens de prévenir les douleurs induites. La moitié des kinésithérapeutes et 80% des infirmiers demandent, quant à eux, la mise en oeuvre d'un traitement préventif. Selon les auteurs du rapport, la formation et information insuffisantes expliqueraient cette situation de même que ce seraient les professionnels de santé libéraux qui semblent le plus désireux d'être mieux informés sur les structures de prise en charge de la douleur existant au niveau local, les conseils de prescription et d'utilisation des médicaments, ainsi que les recommandations professionnelles.
Une urgence réelle
Il y a donc une véritable urgence à développer la formation - initiale et continue - et à mieux former les médecins généralistes à l'utilisation des différents outils d'évaluation disponibles (EVA, échelle verbale, schémas de localisation, profils d'intensité...) car, tout comme « il ne suffit pas d'avoir une clé à molette pour savoir réparer un moteur », la seule mise à disposition d'outils d'évaluation ne suffira pas à améliorer concrètement la prise en charge de la douleur, a-t-il souligné, rappelant également l'importance du dialogue et d'une écoute attentive. Mais la formation ne représente pas le seul levier sur lequel il va falloir jouer pour aboutir à une amélioration de la prise en charge de la douleur. Le temps réservé aux entretiens doit être accru, et pour cela il faut développer la prise en compte de la consultation douleur par les autorités et par les CPAM, avec remboursement en fonction du temps passé.
* Cette étude a été réalisée dans le cadre des États généraux de la douleur, qui s'inscrivent dans le deuxième programme national de lutte contre la douleur 2002-2005, et ses résultats sont publiés dans le "Livre blanc de la douleur" présenté à l'occasion de cette manifestation.