Civisme, est ce tendance ?
Gilles Barbier: Toute société de droit utilise la justice pour faire respecter la règle qui la régit.
Son exercice est la contrepartie des dommages commis et qui reconnaît les torts causés à la victime. Dans le principe, aucun crime ou délit ne peut être impuni, car l'injustice prolonge un état de frustration et de déséquilibre.
Si l'on regarde l'évolution de notre société depuis une trentaine d'années, on constate surtout que ce sont les actes de petites délinquances et surtout les actes d'incivisme qui sont devenus " monnaie courante ". Actes qui demeurent généralement sans conséquences pour leurs auteurs et qui ne sont pas l'apanage réservé aux jeunes des banlieues. Or ces actes d'incivismes, insidieusement, créaient des déséquilibres, qui avec le temps représentent une responsabilité certaine dans le mal être social de notre société. L'objet de mon propos n'est pas d'en détailler les multiples raisons. Des batteries de sociologues, d'experts en tout genre, proposent de multiples théories.
Simplement, les actes d'incivismes quotidiens sont rarement réprimandés, particulièrement par ceux qui y assistent. Combien de voyageurs s'offusquent de voir une personne âgée dans un bus debout et une dizaine d'écoliers assis confortablement ? Combien de passants interpellent un conducteur qui se gare sur une place réservée aux personnes handicapées sans en avoir le droit ? En général très peu, et l'on pourrait multiplier les exemples, particulièrement envers les personnes handicapées. Même en Suisse, pays réputé si respectueux, 39% des conducteurs ne laissent pas passer une personne aveugle munie de sa canne blanche.
Le comportement social est le fruit des relations de chacun. Il est dérisoire de s'appuyer exclusivement sur les législations sociales comme moyen de pression pour transformer extérieurement une collectivité. Seul le respect de l'autre, la tolérance face aux diversités de chacun permet de restreindre toute forme de violences. C'est d'autant plus vrai lorsque la justice s'exerce efficacement et que la force de l'exemple domine. Notre société gagnerait à ce que ses média réservent une part importante de leurs informations à montrer des comportements positifs des citoyens dans la cité. A mettre à la mode tous les multiples et divers actes de civismes qui eux, font le lien social. Ce serait aussi pour certaines autorités ou pseudo autorités une occasion de renoncer à toute forme d'intégrisme dans la pensée et dans l'action.