Pekin, 13 sept 2008 (AFP)
Par Julie DUCOURAU
"Je suis là pour me faire plaisir et en profiter", dit avec malice cette toute jeune nageuse, amputée au-dessus du genou de la jambe droite depuis l'âge de 12 ans. "En plus, je suis dans la catégorie où il y a le plus de niveau (amputés inférieurs, ndlr), avec plein de filles qui +carburent+", précise l'adolescente, qui a commencé la compétition il y a quatre ans au Anglet Olympiques (Pyrénées-Atlantiques).
Totalement "bluffée" par le Cube d'Eau où se déroulent les épreuves, elle "trouve que les longueurs passent plus vite tellement on glisse".
Malgré cela, lundi, elle est arrivée dernière de sa série du 100m nage libre, à sept secondes de la Sud-africaine Nathalie du Toit, classée 16e du 10 km en eau libre aux jeux Olympiques en août et qui a déjà remporté quatre médailles d'or lors de ces Paralympiques.
Sport-études à Bordeaux
Sur le 100m dos, elle a également raté la qualification samedi. Mais Eztitxu (qui signifie douceur, en euskara, la langue basque), ne sera "pas déçue" si elle ne va pas non plus en finale du 50m nage libre, la dernière course où elle est engagée, dimanche. Car, vu son âge, elle a "le temps d'en faire d'autres".
Née sans tibia, Vivanco a subi une première amputation à huit mois. Puis, vers 12 ans, alors qu'elle souffrait "beaucoup" du genou, les médecins ont diagnostiqué qu'elle n'avait "plus de ménisque, ni de ligament, ni de rotule, plus rien". "Ils m'ont alors amputé le genou", raconte-t-elle simplement.
"La natation m'a servi de rééducation et puis j'ai commencé la compétition avec une amie, décédée depuis", poursuit-elle, esquissant un sourire troublé.
Inscrite depuis septembre 2007 en sport-études au Creps de Bordeaux où elle s'entraîne avec des valides ("ça tire vers le haut", dit-elle), la nageuse entre cette année en seconde, option sciences économiques et sociales.
Représenter le Pays basque
Pendant ces Jeux qui l'ont dispensée de la rentrée scolaire, elle est heureuse d'être "chouchoutée" par toute l'équipe de France, sa famille n'ayant pas pu faire le déplacement. Au milieu de l'été, "à cause des entraînements", Eztitxu a également raté les fêtes de Bayonne, où elle est née. Mais peu importe, la culture basque, elle en est imprégnée.
Pendant six ans, elle a fait partie d'un groupe de danse folklorique "au pays". Mais "ça prenait trop de temps, j'ai dû arrêter pour me consacrer à la natation".
De père basque espagnol, Eztitxu, qui se dit "fière de faire partie de l'équipe de France" qui lui a "ouvert toutes les portes", se verrait bien représenter le Pays basque, "s'il devient un jour une nation".
Sans revendications vraiment affichées. "Ca me ferait plaisir mais si ça n'arrive pas, ce n'est pas grave", tempère celle qui aime "les valeurs, la culture et la langue propre aux Basques".
jud/chc