Autisme espoir vers l'école ?

Le 5 juin prochain, l'association Autisme Espoir Vers l'Ecole organise, à Boulogne-Billancourt, son 4èm forum des parents. L'occasion de partager des expériences. Le point avec Catherine de la Presle, sa présidente

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Handicap.fr : Quelle est le fondement de la méthode, dite des « 3I », proposée par votre association ?
Catherine de la Presle
: 3I signifie : Individuelle, Interactive et Intensive. C'est une méthode de jeu fondée sur l'enthousiasme et l'affection, qui propose de refaire revivre à l'enfant autiste, au niveau de la communication et de la conscience de soi et de l'autre, de la motricité pour certains, toutes les étapes, depuis sa naissance jusqu'à 3 ans Elle encourage la communication et l'interaction, jusqu'à l'emmener sur le chemin de l'école, d'où le nom de notre association.

H : En pratique, cela fonctionne comment ?
CDP : Des bénévoles se relaient 40 heures par semaine (de 9h à 12h et de 14h à 17hpour jouer par périodes de 90 minutes avec l'enfant autiste. C'est une méthode à la portée de tous, qui ne coûte rien au parent, et impose seulement d'installer une petite salle de jeu à domicile.

H:Mais comment trouver ces bénévoles ?
CDP
: Au sein de la famille, des amis, des voisins mais aussi par voie de presse. Ca fonctionne très bien, même si certains viennent un peu en touristes. Après une annonce dans Ouest France, nous avons eu 100 réponses, dont en moyenne la moitié de retraités. Nous avons également formé une équipe de 20 psychologues qui animent une réunion une fois par mois. Nous avons des antennes dans toute la France (un tiers en région parisienne et deux tiers en province), mais également une en Belgique.

H : Vous en êtes la créatrice. Comment vous est venue cette idée ?
CDP : Je suis moi-même grand-mère d'un petit garçon autiste. J'ai créé cette association dans des circonstances heureuses en 2005 car j'avais promis que, s'il sortait de sa bulle, je monterais mon association. Je me suis inspirée, dans les grands principes, de la méthode Sonrise, que j'ai découverte aux Etats-Unis. Elle propose de rentrer dans le monde de l'enfant autiste par le jeu. Je l'ai adaptée à ma propre expérience, en pataugeant un peu, et c'est ainsi qu'avec l'aide d'une psychologue, et surtout de l'observation et de l'exp érience avec plus de 100 enfants nous avons mis en place la méthode des 3I.

H : ET comment a évolué votre petit-fils ?
CDP : Stanislas a été pris en charge de 3 à 5 ans. Il était profondément autiste, ne parlait pas, ne communiquait pas. Totalement emmuré ! Aujourd'hui il a 7 ans et demi, parle couramment, est premier de sa classe. Et, à part quelques émotions qu'il a encore du mal à gérer, il manifeste peu de traits autistiques.

H : Mais ce qui est valable pour Stanislas, l'est-il aussi pour les autres enfants autistes ?
CDP
: La plupart de ceux que nous avons pris en charge sortent de leur bulle au bout de deux à 3 ans de jeu intensif, même si, ensuite, il faut encore travailler sur l'autonomie. Sur 110 enfants, de 10 mois à 18 ans, 20 sont déjà sortis, avec tests à l'appui. Cette semaine, j'ai sabré trois fois le champagne.

H : Ce sont leurs parents qui seront présents lors de votre forum du 5 juin ?
CDP
: Oui, en effet. C'est le quatrième colloque annuel de l'association, sous forme de forum de parents. Cette année, il est intitulé "Les clés de la réussite". Il s'agit de les faire témoigner sur le parcours de leur enfant autiste et d'échanger sur leurs progrès, parfois fulgurants, mais aussi sur les difficultés rencontrées. Nous réfléchissons ensemble sur les « bonnes pratiques » qui permettent d'aider davantage leur enfant dans la mise en place de la méthode des 3I.

H : Et quelle démarche pour les parents qui souhaitent vous rejoindre ?
CDP
: Nous organisons tous les mois une formation de 5 heures pour ceux qui souhaitent s'inscrire, obligatoire avant de se décider à mettre la méthode en place.

H : Comme pour toute méthode, vous avez certainement des détracteurs ?
CDP
: Je ne vais pas vous cacher que certaines MDPH (Maison des personnes handicapées) se méfient encore de nous. Nous avons aussi du mal à nous faire accepter par d'autres méthodes, comme ABA, qui a un pouvoir médiatique exorbitant. Mais la reconnaissance commence à venir du monde médical et je suis de plus en plus sollicitée pour animer des conférences avec des médecins ou pédopsychiatres. J'ai rendez-vous avec Patrick Gohet, délégué interministériel en charge des personnes handicapées, pour une évaluation de notre méthode. Les pouvoirs publics attendent confirmation que ce n'est pas du charlatanisme pour nous accorder des subventions publiques car nous sommes, pour le moment, financés par des fonds privés. Mais j'affirme que cette méthode donne des résultats exceptionnels et les rares échecs viennent surtout des problèmes de relation au sein de la famille. Notre seule ambition, c'est de sauver le maximum d'enfants autistes, par tous les moyens.

http://www.autisme-espoir.org

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