Denis Barbet: Un parcours sportif mais surtout, une aventure humaine p
Devenir champion olympique
Quand Gilles Barbier m'a demandé d'écrire un édito, j'ai tout de suite dit oui, en pensant "enfin une tribune pour dire un grand MERCI à tous ceux qui m'ont aidé lors de la dernière paralympiade d'hiver pour gagner le slalom spécial aux jeux paralympiques de Salt Lake City en mars 2002. "
Car derrière la performance, il y a toujours une formidable aventure humaine. C'est vrai pour le sport de haut niveau, encore plus pour le handisport, et last but not least, pour le ski assis qui est aussi un sport technologique...
Pour gagner aux jeux, il a fallu que je sois bien dans mon corps, bien dans ma tête et bien dans mon ski...
Bien dans mon corps... Je dis souvent que si j'arrive à une compétition en bonne santé, la moitié du travail et déjà faite. C'est à dire que j'ai su gérer mon handicap, et surtout qu'on m'a aidé à le gérer. Pas d'infection urinaire, pas d'escarre, pas de tendinite, de problèmes de dos, de douleurs neurologiques...Le lot trop quotidien du paraplégique de base. Et là je dis merci à tous ceux qui m'entourent médicalement : du centre de rééducation aux différents médecins, kinés, de la fédération handisport, de l'Equipe de France ou de proximité, jusqu'au pharmacien, qui ont tous compris ma démarche: concilier le sport de haut niveau et le handicap.
Bien dans sa tête...Je vois ici plusieurs acteurs qui m'ont aidé sur ce plan. Cela commence par la famille qui accepte que je m'absente plusieurs semaines voire mois par an pour préparer l'échéance (pas facile de faire du ski quand on est lyonnais, )...Cela continue par les sponsors (le groupe Apicil Agira, la SMAR) qui dégagent des soucis financiers pour un sport qui peut revenir cher, et qui le font dans une vraie démarche de partenariat et non comme une démarche " sociale " comme c'est trop souvent le cas. Et enfin un grand merci à mes employeurs, le Cemagref de Lyon et le Ministère de l'agriculture, qui ne m'ont pas mis de bâtons dans les roues (facile pour quelqu'un en fauteuil...) pour préparer les échéances sportives, et me laissèrent aménager mes horaires dans ce sens.
Bien dans son ski... Tout le monde sait que le ski est avant tout une technique. Il faut des bons skis pour être performant, et là un grand coup de chapeau au groupe Salomon qui m'a accueilli dans son team en me donnant les skis " qui vont bien "!
Mais si le ski est une technique, le ski assis est technologique : le " bob " comprend 3 parties essentielles : le châssis, l'amortisseur et la coque. Si mon châssis est standard, il n'en est pas de même pour la coque et l'amortisseur : Ohlins France m'a fourni, maquetté et réglé un amortisseur " de course ", et Fit'n Go (B.T.O à Lyon) m'a fait sur mesure une coque moulée. Merci à eux pour leur patience et leur enthousiasme! Merci également à l'Equipe de France fédérale et à tout le staff qui me suivent depuis quatre ans et m'ont amené au travers des stages et compétitions au plus haut niveau.
Bien dans son corps, bien dans sa tête, bien dans son ski, mais vous allez me dire, c'est drôlement compliqué d'orchestrer tout cela ! C'est vrai, et je dois remercier celui qui fut un peu le chef d'orchestre, qui su me donner le souffle du haut niveau, le goût de la compétition et la volonté de persévérer quand tout n'allait pas " comme sur des roulettes " (!): Bernard Laviolette, ancien conseiller technique Jeunesse et sports.
Voilà, à l'aube d'une nouvelle saison, je suis heureux de pouvoir remercier tous ceux (et j'en oublie certainement, qu'ils m'en excusent!) qui m'ont amené à monter sur la plus haute marche du podium à Salt Lake City. Un moment inoubliable que je leur dédie.
Une aventure humaine. Qui a dit que le ski assis etait un sport individuel? C'est vrai dans le portillon de départ, quand le rituel bip bip du starter vous avertit que c'est à votre tour de vous élancer sur la piste, seul face au chrono. Mais que de chemin parcouru ensemble avant...