Plusieurs centaines de personnes sourdes et malentendantes ont manifesté le 16 juin 2018 à Paris à l'appel du collectif "Ensemble contre la sous-citoyenneté des sourds" (ECSCS), "révoltées" que leurs droits "ne soient pas respectés" à cause de leur différence, a constaté une journaliste de l'AFP. Avec tambours et klaxons, portant des drapeaux français, des cocardes tricolores ou des bonnets phrygiens, les manifestants se sont rassemblés sur la place de la République, avant de partir un peu avant 15h en direction de la place de la Bastille.
Une reconnaissance citoyenne
Difficultés d'accès à l'éducation, au travail ou aux services publics, médias très peu traduits en langue des signes : les manifestants et quelques "entendants" venaient ainsi dénoncer les "nombreux dysfonctionnements" de la société, réclamer une "réelle égalité des droits", mais surtout une "reconnaissance citoyenne", ne souhaitant plus être "considérés comme des handicapés", a expliqué Fernand Macanjo, porte-parole du collectif ECSCS. "Je suis une personne, pas une oreille", "Aux Signes, citoyens", "Les sourds peuvent tout faire sauf entendre", proclamaient les pancartes brandies par des manifestants souvent vêtus de T-shirts aux initiales de la Langue des signes française, la LSF. Sur un char, à l'avant du cortège, un homme déguisé en chirurgien tenait enchaînés une quinzaine de personnes à pied, aux mains entravées, en criant : "Je leur interdis de signer, il faut qu'ils parlent !".
Une communauté opprimée
"Ce rassemblement est un réveil de la communauté sourde, trop longtemps opprimée", a expliqué Fernand Macanjo à l'AFP. "On veut constamment nous réparer, mais nous ne sommes pas des malades ! Notre vie n'a pas à être dictée par le ministère de la Santé", a-t-il poursuivi, dénonçant notamment le dépistage "trop précoce" et "l'implantation cochléaire (appareillage) systématique" des enfants, avec un "taux d'échec considérable". "A l'école, les instituteurs qui enseignent la LSF n'ont pas un niveau suffisant", a-t-il aussi jugé, critiquant la "fermeture des classes bilingues" et réclamant "le droit, pour chaque enfant, d'apprendre dans sa langue naturelle".
Une chaîne de télé 100 % dédiée
L'ECSCS a écrit au président Emmanuel Macron pour réclamer notamment une "refonte" de la loi Handicap de 2005, un "meilleur accès à l'information", via une chaîne 100% dédiée ou encore un interprète dans chaque administration. Plus de cinq millions de personnes souffrent d'un handicap auditif moyen à sévère en France, environ 300 000 ayant des limitations très graves ou totales, selon des estimations du ministère de la Santé.
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