C'est un robot à quatre pattes déambulant dans les couloirs de l'École des Mines de Nancy et répondant au doux nom de Scar. Cette merveille de technologie se prépare à acquérir les capacités qui lui permettront d'aller explorer des endroits trop dangereux pour l'homme. Mais pas que ! D'autres tâches pourraient lui être dévolues…
Un chien guide d'aveugle ?
"Il pourrait aussi aider les personnes malvoyantes", imagine Paul Lecomte, élève ingénieur en troisième année. L'appareil de couleur jaune, d'un poids de 32,5 kg et d'environ 1 m de long, est dessiné un peu comme un Labrador haut sur pattes. Son défaut majeur ? Il n'a pas de tête mais cela pourrait être corrigé dans les mois à venir. Scar ne serait pas le premier projet de chien-guide robotisé. En 2011 déjà, une équipe japonaise met au point modèle équipé de pattes articulées et de roues qui se déplace en détectant les obstacles autour de lui grâce à des capteurs. Sa mission : aider les personnes aveugles à s'orienter sans difficulté et sans se blesser, y compris en montant des marches, comme pourrait le faire un compagnon de chair et de sang. Il est, lui aussi, capable de communiquer avec son maître en répondant à ses instructions et en l'avertissant des obstacles potentiels. Plus près de nous, en 2019, des étudiants du lycée d'Orvault (44) élaborent leur propre prototype, un brevet ayant été déposé avant la création d'une start-up afin d'assurer son développement. Toutes ces idées ont du chien mais pourront-elles réellement rivaliser avec le meilleur ami de l'homme ? Pas certain… Pas souhaitable ?
Et même des sentiments…
Scar, le méchant dans le Roi Lion, mais aussi acronyme de "Système complexe d'assistance robotisée", a été acheté 80 000 euros à la société américaine Boston Dynamics. Ce "toutou électronique", que professeurs ou élèves de l'école caressent parfois "comme un véritable animal", a des qualités étonnantes. Sur une zone précise, il descend seul les escaliers, ausculte un objet puis remonte, évitant les obstacles s'il y en a. "C'est la pointe de la science", s'émerveille Paul Lecomte, télécommande avec écran en main pour guider et programmer ce robot-toutou qu'il fait avancer, monter, descendre ou se mettre sur le dos comme s'il voulait des caresses... Scar est alors capable de se remettre sur ses pattes. "C'est marrant, il ressemble à un animal et on ressent des sentiments. C'est de l'anthropomorphisme", sourit Quentin Helaine, ingénieur de recherches à l'école et "maître" de Scar.
Des applications civiles
"Un robot-chien, mobile à quatre pattes est la meilleure solution pour le rendre polyvalent dans les terrains très accidentés" par comparaison avec les "robots humanoïdes qui entraînent d'autres contraintes", souligne M. Helaine. Pour les enseignants, Scar, qui fonctionne à partir du réseau wifi, marque une "rupture technologique dans la robotique". D'autant qu'il pourra "faire des choses innombrables" si on "développe les applications". Par exemple travailler sur des zones d'enfouissement de déchets radioactifs interdites à l'homme. Conçu pour l'armée américaine, il peut désormais recevoir une foule d'applications civiles. C'est par exemple l'un d'eux qui distribue du gel hydroalcoolique dans un centre commercial de Bangkok, assure que les distances physiques sont bien respectées à Singapour ou assiste les policiers Américains. Les ingénieurs ont des projets artistiques et veulent même le faire danser.