Les personnes handicapées ont-elles véritablement accès à la culture ? Non, répond le Sénat, prônant dans un rapport une vingtaine de recommandations (rapport en lien ci-dessous) à mettre en place "sans délai", notamment le développement d'une politique tarifaire et de la pratique artistique pour tous et partout.
Les personnes handicapées invisibles
Dans une étude rendue publique le 25 juillet 2017, initiée en 2015 à l'occasion des dix ans de la loi Handicap, le groupe de travail "culture et handicap" estime que "les personnes handicapées sont comme invisibles : rien n'est suffisamment fait dans leur direction et une bonne partie de la société préfère ne pas les voir". "Malgré une multitude d'actions menées sur le terrain, l'accès des personnes en situation de handicap à la culture, en particulier à la pratique culturelle, n'est pas aujourd'hui pleinement assuré", a déclaré la sénatrice LR Nicole Duranton, corapporteure, lors d'une présentation à la presse. "Il ne s'agit pas uniquement d'accessibilité des lieux ou des contenus, l'accès à la création est un enjeu majeur car il est vecteur d'émancipation et créé du lien social", a-t-elle souligné.
Pas le choix !
Le rapport évoque par exemple des conservatoires où "des ateliers (sont) destinés aux seules personnes en situation de handicap", ou encore des élèves "qui indiquent avoir été privés du choix de leur instrument" en raison de leur handicap. Brigitte Gonthier-Maurin (Communiste, républicain et citoyen), également co-rapporteure, a énuméré "le manque de lisibilité de l'action publique, le manque de moyens humains et matériels, le manque de données précises sur les initiatives existantes comme le manque de visibilité de celles-ci". "Dans un contexte de baisse des dotations aux collectivités territoriales, il est essentiel que l'État donne l'impulsion et consacre un budget à la fois plus important et plus pérenne", a-t-elle souhaité.
Une campagne de com à la rentrée
A la rentrée, le Sénat lancera une campagne de communication sur le thème "handicap et culture" et souhaite impulser un travail de cartographie des initiatives nationales dans la pratique culturelle et artistique. Parmi ses recommandations, il plaide en outre pour "l'application de la gratuité ou de tarifs préférentiels aux publics handicapés". "Il n'existe pas aujourd'hui de politique tarifaire générale", a signalé la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly, présidente de la Commission. "Le coût de l'accès aux lieux de culture constitue un frein indéniable, surtout lorsqu'il est mis en regard du montant de l'allocation adulte handicapé (AAH)", environ 810 euros par mois.