Le 18 mai 2019, à 1h22, Damien Seguin a franchi la ligne d'arrivée de la Bermudes 1000 Race en 11ème position après 8 jours, 8 heures et 22 minutes de course. Tout sourire à son arrivée au ponton, le skipper handisport de 39 ans privé d'une main s'est dit heureux de terminer cette course seulement trois semaines après la remise à l'eau de son bateau. Un challenge qui a donné du fil à retordre à celui qui a à son actif un magnifique palmarès, double fois champion paralympique, victorieux du Tour de France à la voile, deux participations à la Route du Rhum et qui vise le Vendée Globe en 2020, devenant ainsi le premier concurrent handisport à prendre le départ de ce tour du monde sans escale et sans assistance…
Objectifs atteints
Se remettre dans le bain du solitaire et valider tout le travail effectué cet hiver sur le bateau, tels étaient les objectifs de Damien Seguin au départ jeudi 9 mai à Douarnenez (Bretagne) de La Bermudes 1000 Race. « Le contrat est rempli. Le but était de terminer et de prendre un maximum d'informations sur le bateau. Ce n'est pas la première fois que je navigue avec mais il a bien évolué cet hiver. C'était important aussi de retrouver le mode 'solitaire' car c'est la seule épreuve en solo que nous avons cette année. A un moment donné, il faut lâcher les outils, arrêter de bricoler sur le bateau et aller naviguer car ça faisait cinq mois qu'il était en chantier. Il faut arrêter la préparation et aller vérifier et tester tout cela sur l'eau. Dès que nous naviguons sur ces bateaux-là, nous apprenons quelque chose et cette course me l'a encore démontré. C'était un bon apprentissage. Au début, j'ai eu un peu de mal à retrouver mon rythme notamment au niveau du sommeil », explique Damien à son arrivée au ponton.
Une montée au mât
Le 14 mai dernier, alors qu'il naviguait en 7ème position, Damien a vu sa grand-voile tomber sur le pont en raison de la casse de son système d'accroche au mât. Le skipper réalisait un bon début de course, malgré quelques soucis d'énergie, et a été contraint de la mettre entre parenthèses. Après avoir envisagé une escale technique à La Corogne, il a finalement décidé de monter au mât pour tenter de le réparer. « Je ne fais pas le malin », explique-t-il en live dans une vidéo (ci-dessous). Une ascension épique remarquée et saluée par ses pairs et le petit comité d'accueil présent à son arrivée. « En arrivant en Irlande, je n'arrivais plus à recharger mes batteries. Nous avons trouvé un moyen et ensuite, il y a eu cet incident... Pendant trente heures je me suis retrouvé sans grand-voile, je me suis même demandé à un moment donné ce que je faisais là. Il a fallu se faire violence et monter en haut du mât. Ce n'était pas facile... Je suis content car je me suis prouvé que j'en étais capable. Quand on a, comme moi, l'objectif de faire un Vendée Globe, c'est toujours bien de savoir ce qu'on peut faire. Au final, tout cela est prometteur. », conclut le skipper qui va désormais poursuivre sa préparation à la Transat Jacques Vabre en compagnie de son co-skipper Yoann Richomme (article en lien ci-dessous).
De retour en mode compétition, Damien n'a rien lâché au point d'aller chiper la 11ème place à Manuel Cousin (Groupe Setin) deux petites heures avant de couper la ligne.
© Jacques Vapillon / Groupe APICIL