Dans la grande cour d'honneur de la Sorbonne à Paris, encadrée par d'imposantes façades de style classique, un jeune homme accompagné d'un chien noir, tenu en laisse, déambule. Il contourne la statue d'Auguste Comte, qui surmonte la grande esplanade pavée. Dans cette foule d'étudiants et de professeurs pressés, Mathys Dupuis, étudiant malvoyant, fait sa rentrée. Handicap.fr l'a suivi le temps d'une matinée dans le cadre d'un reportage (vidéo ci-contre) à retrouver sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr.
Des amphis historiques peu adaptés
« Malheureusement, on est sur des vieux amphis qui ne sont pas toujours accessibilisés », confie l'étudiant en troisième année d'histoire. Et pour cause, la première pierre du « Collège de Sorbonne » date de 1257. Puis, entre 1885 et 1901, l'architecte Henri-Paul Nénot réalise la Sorbonne telle qu'on la connaît aujourd'hui, avec ses grands amphithéâtres. Pour rappel, la loi Handicap de 2005 et ses normes d'accessibilité pour les établissements recevant du public (ERP) interviennent plus d'un siècle après. Mathys doit donc composer avec ces obstacles physiques. Par exemple, lui et son chien Uriel doivent s'installer tout en haut de l'amphithéâtre, bien loin du professeur, à peine audible sans micro. « Je ne peux pas descendre les marches de l'amphithéâtre avec ma déficience visuelle, donc je me mets tout en haut. »
Des aménagements indispensables pour étudier
Malgré ces composantes physiques particulières, la Sorbonne Université n'a plus de secret pour Mathys qui vadrouille dans l'établissement avec aisance. Il connaît d'ailleurs l'UFR d'histoire comme sa poche où une salle normalement dédiée aux professeurs lui est réservée lors des examens. En effet, le jeune homme de 24 ans bénéficie d'un certain nombre d'aménagements liés à son handicap, notamment des secrétaires d'examen ou encore un tiers-temps.
La volonté de compenser tous les types de handicap
Des initiatives telles que la prise de notes assistée, les supports sonores et l'adaptation des modalités d'évaluation sont également proposées par l'université qui souhaite répondre au large éventail de besoins : handicaps physiques, troubles dys ou difficultés temporaires… « Nous prenons en charge tous les étudiants dont les problèmes de santé impactent les études », affirme Pascale Nurit, responsable du bureau Accueil-Handicap. Les professeurs et notamment ceux qui disposent de l'étiquette « référent handicap » tendent également à une meilleure adaptation. « Nous sommes en train de travailler sur un schéma directeur handicap », ajoute Virginie Mansuy, professeure de chimie et conseillère handicap.
Des progrès, mais encore des lacunes à combler
Grâce à cette équipe dédiée, les démarches d'aménagement (examens adaptés, accompagnement, orientation) sont désormais mieux connues et plus accessibles. Une collaboration plus étroite entre enseignants, référents handicap et étudiants s'installe pour repérer et répondre efficacement aux nouveaux besoins.
Néanmoins, les témoignages comme celui de Mathys confirment que des lacunes restent à combler, notamment sur les délais pour obtenir un accompagnement. Parmi les chantiers prioritaires évoqués, une meilleure formation des personnels à la question du handicap notamment.
© Clotilde Costil