Avec Bonhomme, Marion Vernoux signe un long métrage touchant et brillant sur le handicap cognitif. Avec Ana Girardot, Nicolas Duchauvelle et, entre autres, Béatrice Dalle, cette comédie dramatique aborde sans artifice le quotidien de deux jeunes amoureux qui doivent tout réapprendre.
Un choc « frontal »
Le pitch. Marilyn (Ana Girardot) et Piotr (le bluffant Nicolas Duchauvelle) vivent une vie rock'n'roll, à cent à l'heure, dans la banlieue de Lille, remplie d'amour. Un soir, tout bascule suite à un accident de voiture. Marilyn s'en sort indemne mais Piotr tombe dans le coma, victime d'un traumatisme crânien. À son réveil, il n'a pas changé physiquement mais il a « 5 ans dans la tête et 15 ans dans le slip », comme l'explique son médecin, interprété par François Rollin. Il vit désormais dans un monde « frontal », comme le syndrome dont il souffre. Un monde imprévisible et sans filtre. Un monde inconnu dans lequel le couple doit apprendre à vivre, avec les galères et les soucis du quotidien. Un monde où personne ne croit que ce couple pourra survivre. Et, pourtant, ils vont apprendre à vivre une nouvelle vie, faite d'amour, de rire et de dérision.
Le handicap invisible
Marion Vernoux, la réalisatrice, voulait traiter de ce sujet : « Je crois que l'élément déclencheur, c'est quand j'ai entendu une émission de radio, une nuit, qui mentionnait le terme de 'handicap invisible'. Et c'est peut-être un peu paradoxal pour quelqu'un qui fait du cinéma mais, cette invisibilité-là, j'ai eu envie de la montrer ». Elle ajoute : « C'est comme si j'avais écrit d'une main un film qui était le fruit de mon imaginaire et, de l'autre, un film qui était nourri par une réalité tout à fait concrète ». Pour les comédiens, la tâche s'est avérée ardue, notamment pour Nicolas Duchauvelle. Celui qui a joué dans Polisse ou La fille du puisatier explique chez nos confrères de 20 Minutes : « C'est le rôle plus ambitieux que j'ai tenu à ce jour même si je n'y suis pas à mon avantage. C'était un rôle très lourd que j'ai longtemps hésité à accepter car je me sentais une responsabilité vis-à-vis des malades ». Pari réussi pour l'acteur ; après l'avant-première il se dit soulagé : « Dix personnes concernées m'ont dit : 'C'est exactement ça' ». Cette comédie dramatique autour d'un sujet abordé avec beaucoup de sensibilité est à voir dans les salles obscures depuis le 29 août 2018.
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