De nombreuses personnes peinent à s'équiper en matériel nécessaire pour compenser leur situation de handicap ou de perte d'autonomie. Dans le même temps, des équipements médicaux restent dans les placards ou finissent à la poubelle. Pourquoi ne pas leur offrir une seconde vie ? Structure issue de l'économie sociale et solidaire, Envie Autonomie, basée dans le Maine-et-Loire, a donc décidé de mettre en place une offre d'équipements techniques pour tous. L'association collecte les aides techniques inutilisées pour les rénover et les proposer en seconde main, à petit prix.
L'autonomie à tout (petit) prix
À travers cette action vertueuse, l'association, qui emploie prioritairement des personnes exclues du monde du travail, propose une offre de matériel médical accessible à tous, organise un service de maintenance adéquats, tout en luttant contre le gaspillage du matériel médical. Ce projet innovant a été récompensé le 29 juin 2017 lors de la 10e édition des Prix Ocirp handicap dans la catégorie « Réalisations et partenariats territoriaux » (article en lien ci-dessous). « La quadrature du cercle est résolue ; le lien est fait entre entreprise, insertion, développement durable et handicap », a déclaré le jury durant la cérémonie.
Une alternative au tout neuf
« On compte 850 000 personnes à mobilité réduite en France ; elles ont dû mettre 35 millions d'euros de leur poche juste pour un fauteuil manuel ou électrique. Il n'y a pas de filière aujourd'hui pour le matériel usagé, qui finit chez le ferrailleur. Il faut changer de modèle ; la société ne peut plus continuer à financer du neuf », a confié Philippe Robin, directeur de l'association, qui a pris en exemple le modèle de certains pays du Nord où les aides techniques n'appartiennent pas au patient et sont confiées à d'autres jusqu'à leur obsolescence.
Pas de soutien de la Sécu
« En deux ans, nous avons pu récupérer 4 000 aides techniques ; 35% ont été rénovées… pour 900 clients !, a souligné M. Robin. Et nous vendons à 20 à 30% du prix du neuf. » Le directeur de cette association qui emploie 7 salariés alerte toutefois sur le « modèle économique fragile » de son activité puisqu'elle ne bénéficie d'aucune prise en charge de la Sécurité sociale ou des mutuelles. Il en profite pour lancer un appel aux partenaires. « Une dizaine de départements nous sollicitent mais nous n'y arriverons que si les mutuelles nous cofinancent. Cela nous permettrait de vendre un peu plus cher et d'arrêter de gaspiller ». L'association reçoit, pour le moment, le soutien de la CNSA (Caisse nationale de solidarité autonomie) qui finance des études d'essaimage sur cinq territoires.
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