Travailleurs handicapés : 'Paris' réussi ?

Fait-il bon travailler à Paris lorsqu'on est en situation de handicap ? La ville lumière brille-t-elle de tous ses feux dans ce domaine ? La parole à deux parisiennes impliquées, Anne Hidalgo et Véronique Dubarry, ajdointes de Bertrand Delanoë.

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Elles participaient récemment à un forum organisé par l'association « Femmes pour le dire, femmes pour agir » sur le thème « Femme handicapée et travail ». Elles, c'est Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, et Véronique Dubarry, adjointe en charge des personnes en situation de handicap. Un discours engagé mais pas toujours prometteur malgré une implication réelle de la ville de Paris en matière d'embauche des personnes handicapées.

Anne Hidalgo est première adjointe au Maire de Paris

« Le handicap des uns peut être un élément de richesse pour tous. »

« J'ai un passé en tant qu'inspectrice du travail. Le milieu professionnel est un monde difficile car il peut être le lieu d'une double ou triple discrimination. Dans notre pays, la question du travail est essentielle car elle construit l'identité de chacun. Les Français y investissent du temps et de l'affecte. Le chômage angoisse nos concitoyens probablement autant que l'avenir de la planète. Le travail, c'est la façon dont on est identifié et qui justifie notre utilité dans la société. Or les entreprises peinent à embaucher des personnes handicapées au motif qu'elles ne sont pas un élément d'efficacité. Je réaffirme haut et fort que la place du travail dans notre société est essentielle et qu'elle s'inscrit dans un combat humaniste. Mais il y a évidemment encore beaucoup à faire pour que tous nous prenions conscience que le handicap des uns peut être un élément de richesse pour tous. »

Véronique Dubarry est adjointe en charge des personnes en situation de handicap.

« Si vous êtes une femme d'origine magrébine, handicapée, de plus de 50 ans, vous n'avez pratiquement aucune chance de trouver du travail ! »

« Monsieur Sarkozy a dit : « Il faut que les « handicapés » se remettent au travail. » Je trouve que l'idée est bonne ! (Sourire) Mais il ne faut pas se voiler la face, il y a encore tant de réticences... Avec 5.4 % d'embauche de travailleurs handicapés (contre les 6% préconisés par la loi), la ville de Paris est quasi exemplaire mais je suis lucide et honnête, il y a un travail énorme en matière d'accompagnement et de formation. Le milieu protégé est en grand danger et l'Etat s'est désengagé dans ce domaine.

Le bilan est rude. On compte 300 millions de femmes handicapées dans le monde et seulement 1% est alphabétisé. Je vous laisse imaginer quelle proportion a accès au travail. Le taux de violence contre les personnes handicapées est trois fois plus élevé qu'envers les valides, a fortiori pour les femmes qui subissent pressions et harcèlements dans leur vie professionnelle, même si le contexte en France s'avère moins dramatique que dans certains pays. Il faut pour cela, se montrer réactifs, imaginatifs et créatifs, sans pour autant « réinventer le fil à couper le beurre ». Lorsqu'on voit des expériences qui portent leurs fruits, il faut être capable de les réinvestir, de partager nos expériences et nos savoir-faire, de mener une réflexion commune.
La loi de 2005 est un outil qui permet de combattre les préjugés. Les entreprises font preuve de grandes réticences mais dès qu'elles « sautent le pas » (c'est terrible comme expression !), elles se rendent compte que ca passe bien et qu'elles ne prennent pas de « risque » en embauchant des travailleurs handicapés. Je ne vois d'ailleurs pas de raison d'annoncer la situation de handicap dans un CV. Un travailleur devrait être choisi en fonction de sa personnalité, de ses compétences et de ses envies.

L'origine ethnique est le premier facteur de facteur de discrimination dans le domaine du travail, le handicap le second, l'âge le troisième et le sexe le cinquième. Alors si vous êtes une femme d'origine magrébine, handicapée, de plus de 50 ans, vous n'avez malheureusement pratiquement aucune chance de trouver du travail ! Nous avons donc tout intérêt à utiliser tous les outils à disposition, sans aucune discrimination. Cela passe par les compétences des régions et des collectivités locales, et la prise en compte du handicap dans les écoles. Etre responsable des personnes handicapées à la mairie de Paris, ou ailleurs, c'est assurer une prise en charge de la crèche à la maison de retraite. Tout un processus qui doit être extrêmement bien travaillé ! »

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