Klaus compagnie : un pas de deux qui roule...

Pascal Croce dirige la Klaus compagnie, une troupe de danse qui, depuis une dizaine d'années, intègre des danseurs en fauteuil roulant, donnant à la chorégraphie une toute autre dimension. Levé de rideau sur ce ballet insolite... et très pro !

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La Klaus compagnie ?

Une troupe de danse contemporaine. Contemporaine et donc certainement novatrice. Et en matière d'innovation, quel pari plus insensé que d'intégrer des danseurs handicapés ? C'est pourtant celui qu'a relevé Pascal Croce, le créateur cette troupe. Sur scène, lumière bleuâtres, un ballet de danseuses... Jusque là, tout est normal mais la chorégraphie prend une tout autre dimension lorsque cinq fauteuils roulant entrent dans la danse. Jeu subtil, échanges inattendus, pas de deux insolites ou portés audacieux. Du jamais vu ! Depuis plusieurs années, la Klaus compagnie, créée en 1991, a en effet décidé d'intégrer des danseurs handicapés, ouvrant de nouveaux horizons chorégraphiques. « J'ai eu cette idée suite à une rencontre avec une étudiante dont la maman était devenue lourdement handicapée. Un des éducateurs de son centre m'avait demandé d'organiser une soirée dans le centre où elle séjournait. J'avais déjà dansé avec eux et j'ai donc proposé de faire une prestation avec des personnes handicapées lors du gala. J'avais trouvé ma voie. »

25 minutes de standing ovation

Sa première création mixte, « Romeo's et Juliet's », tourne depuis déjà dix ans. Lors de sa présentation, elle déclenche une « standing ovation » de plus de 25 minutes ! « Je me suis rendu compte, explique Pascal, qu'il se passait quelque chose. Le public était séduit, je devais continuer l'aventure ! » Il décide donc d'intégrer dans sa troupe des danseurs handicapés permanents. Leur arrivée exerce sur lui un véritable cataclysme dans sa vision et son approche du corps dans la danse. Dans une perpétuelle recherche entre danse, corps, handicap, fusion, Pascal Croce essaie simplement d'amener le spectateur à oublier tous ces paramètres alchimiques pour ne laisser apparaître que l'essentiel : la danse même !

Trois danseurs lourdement handicapés

Depuis, toutes ses créations sont mixtes. « On est bien comme ça, explique Pascal, et on n'a pas vraiment envie de se retrouver seulement entre « valides ». » Sur les neuf permanents de la troupe, trois sont aujourd'hui en situation de handicap lourd et se déplacent en fauteuil roulant. Ils sont rémunérés même si ce n'est qu'à temps partiel. « Ca ne change pas grand-chose par rapport à une troupe de danseurs valides, si ce n'est que nous sommes parfois confrontés à des décès prématurés puisque certains danseurs sont atteints de maladies évolutives. C'est un argument « humain » à prendre en compte. J'ai sans cesse l'obsession de ne pas prendre de risque avec eux. »

Des ateliers tournants

En parallèle, et depuis sept ans déjà, Pascal Croce développe un travail en partenariat avec l'IEM (Institut d'Education Motrice) d'Eysines, en région Bordelaise, en proposant des classes et ateliers permanents pour personnes handicapées de tous âges, ainsi que des stages itinérants afin de leur donner une plus grande chance d'être sensibilisées à la danse contemporaine. Et Pascal d'ajouter : « Il y a de plus en plus d'initiatives semblables à la nôtre en France, mais encore très peu de compagnie professionnelles. Je crois qu'on en compte seulement trois en danse, peut-être davantage en théâtre. »

De vrais pros

La Klaus compagnie s'offre un succès appréciable, portés par des medias qui saluent la « performance ». Elle court les salons spécialisés et les festivals, comme celui des Déglingués (rencontre de troupes d'artistes ayant un lien avec le handicap, du 26 novembre au 3 décembre 2009 à Bourges, dans le Cher) ou répond à la demande des communes dans le cadre d'évènements sur la thématique du handicap, même si ce n'est pas cet aspect que Pascal souhaite valoriser en priorité. Il préférerait sortir du « créneau » spécialisé et ouvrir ses spectacles au plus grand nombre. « Le public réagit très bien. Mais ce n'est pas lui le plus difficile à convaincre, ce sont les organisateurs. J'entends souvent dire : « Ah, ce sont des handicapés donc des amateurs ! », alors qu'il y a derrière chaque création des années de travail. »

Propos recueillis par Emmanuelle Dal'Secco

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