Paris, 15 déc (AFP)
L'année européenne des personnes handicapées, qui se clôturait lundi au siège de l'Unesco, aura marqué un "tournant" aux yeux des responsables politiques, mais les associations attendent surtout les suites de cette initiative. Jacques Chirac a rappelé son engagement "personnel" dans l'intégration des personnes handicapées et sa "détermination à prolonger au-delà de 2003 le mouvement qui a été engagé". M. Chirac, dont le handicap est l'un des trois "chantiers prioritaires" de son quinquennat, a mis l'accent sur son "ambition de faire franchir à la société une nouvelle étape en fondant droits et devoirs sur le principe de non discrimination", par le biais de la future loi sur le handicap qui doit être votée en 2004.
Il a fermement rappelé "l'exemplarité" dont devrait faire preuve l'Etat: en terme de scolarisation des enfants handicapés, de respect du quota légal de 6% de travailleurs handicapés dans les administrations publiques, d'accessibilité des services publics.
Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a appelé "chacun" des 12 ministres qui l'entouraient à "se poser la question tous les matins de ce que l'on fait dans chaque ministère pour favoriser l'intégration des personnes handicapées".
Après 7 forums à Rennes, Marseille, Lille, Toulouse, Lyon, Strasbourg et Paris, "700 actions labellisées par la Commission européenne" et 35 engagements de collectivités locales, entreprises privées ou publiques, Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, a qualifié cette année de "tournant".
Pour Jean-François Mattei, le ministre de la Santé, "certes la cause du handicap a gagné du terrain et le regard change mais lentement, trop lentement".
Mme Boisseau et M. Mattei ont reçu le soutien de M. Raffarin, qui les a assurés de son "engagement pour continuer en 2004".
"Relatif échec"
La représentante de la commission européenne en charge de l'intégration des personnes handicapées, Wallis Goelen, s'est félicitée de l'engagement de la Commission de produire "un rapport tous les deux ans sur la situation des personnes handicapées dans l'Europe élargie".
"Pour la première fois depuis 10 ans, les ministres en charge des personnes handicapées des Etats membres du Conseil de l'Europe se sont réunis", s'est félicitée Gabriela Battani-Dragoni, représentante de cette institution.
"Il y a eu un avant, il y aura un après", a estimé le président du Comité de coordination de l'Année européenne, Jean-Luc Simon, notant qu'"un des bénéfices" de cette année est que "les personnes handicapées ont une conscience plus aiguë de leurs droits". Mais si "les choses ont progressé, elles ne sont pas résolues", a-t-il regretté.
Marcel Royez, secrétaire général de la Fnath a fait valoir que "des barrières matérielles et architecturales existent mais" qu'"elles sont surtout et drôlement dans la tête de nos concitoyens!"
Pour Marie-Sophie Desaulle, présidente de l'APF, "les colloques n'ont pas touché la société civile: on n'a pas réussi à sensibiliser la population française, c'est donc un relatif échec".
"28 ans après loi de 1975 et à la veille d'une nouvelle loi, nous sommes toujours sans solution pour les handicapés mentaux", a déploré Jean Canneva, président de l'Unafam.
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