Mme Boisseau fait un pas en direction de ses détracteurs
par Jacques-Michel TONDRE
PARIS, 24 fév (AFP) - Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat aux Handicapés, a fait un pas en direction de ses détracteurs, en annonçant mardi devant le Sénat quelques modifications à son projet de loi, dont la mesure phare est la reconnaissance d'un droit à compensation du handicap.
"Je vous proposerai au cours du débat que la prestation de compensation soit également ouverte aux enfants", a déclaré Mme Boisseau. C'était une des revendications majeures des associations de handicapés et de la commission des Affaires sociales du Sénat qui dénonçaient des discriminations liées à l'âge.
Elle a également pris acte des "réserves" auxquelles se heurte le maintien d'un lien entre le montant de la prestation et le "taux d'incapacité" de la personne susceptible d'en bénéficier.
"Je pense effectivement qu'à terme, une fois ajustées les méthodes d'évaluation, la prestation de compensation devra être attribuée en tenant compte plutôt des besoins concrets de la personne handicapée", a-t-elle dit.
"Ce projet de loi n'a pas la prétention de résoudre définitivement tous les problèmes concernant la vie des personnes handicapées", a reconnu Mme Boisseau qui a souhaité que le débat "se déroule dans une ambiance de respect mutuel".
"La critique sur un sujet aussi sensible est facile, l'art qui consiste à voter des dispositifs sévères mais réalistes donc applicables est plus difficile", a-t-elle lancé, s'affirmant "convaincue que le grand défi de l'insertion des personnes handicapées dépasse tout clivage politique".
Avant elle, le ministre de la Santé Jean-François Mattei a exposé la philosophie du texte: "Remettre la personne au coeur de nos préoccupations, c'est lui donner, autant que faire se peut, la possibilité de choisir librement son mode de vie et notamment de résidence".
"Le projet de loi qui vous est présenté a l'ambition de rendre la société plus attentive aux personnes handicapées, plus accueillante et plus humaines", a-t-il dit.
Dans cet esprit, il a défendu le mode de financement de l'ensemble de la "réforme de solidarité pour les personnes dépendantes", qui doit dégager par la suppression d'un jour chômé "9 milliards d'euros supplémentaires d'ici
2008".
"En invitant les Français à travailler un jour de plus chaque année au profit des personnes dépendantes, du fait du handicap ou de l'âge, le
gouvernement établit le lien entre l'obligation individuelle et l'obligation commune et générale de venir en aide aux plus fragiles d'entre nous", a expliqué M. Mattei.
Pour le groupe socialiste, Jean-Pierre Godefroy (Manche) s'est fait l'écho des "réactions plus que tièdes de la plupart des associations représentatives des personnes handicapées et de leurs famille".
"Le projet de loi démontre en fait une conception étriquée du handicap et, à conception étriquée, réponse insatisfaisante, très en-deçà des espoirs
suscités", a-t-il estimé, reprochant au gouvernement d'en avoir "brutalement accéléré le calendrier".
"Je ne peux m'empêcher de voir dans cette brusque accélération une connexion avec les échéances du mois de mars", a ironisé M. Godefroy.
Au nom du groupe communiste, Michelle Demessine (Nord) a dénoncé "le décalage patent" dont souffre le texte "entre l'exposé des motifs ambitieux et la réalité du dispositif".
"Décidément, le présent texte n'est pas à la hauteur du troisième chantier présidentiel annoncé comme historique, 30 ans après la loi de 1975", a-t-elle résumé.
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