Christophe Durand: L'évolution du mouvement handisport
Le développement de la pratique sportive pour les personnes handicapées est relativement jeune. Les premiers Jeux Paralympiques ont eu lieu à Rome en 1960, et ce que tous les spectateurs ont vu à Sydney n'avait rien à voir avec cette époque....
Le développement de la pratique sportive pour les personnes handicapées est relativement jeune. Les premiers Jeux Paralympiques ont eu lieu à Rome en 1960, et ce que tous les spectateurs ont vu à Sydney n'avait rien à voir avec cette époque.
Le début de ce mouvement fut un mélange de volonté sociale et de progression sportive.
Maintenant on se rapproche chaque année de la recherche de la performance.
Depuis que le CIO a obligé les Jeux Olympiques et Paralympiques à être sur les mêmes sites, dans les mêmes conditions, ce mouvement a pris une ampleur énorme.
De plus en plus de sportifs tendent à devenir professionnels ou tout du moins semi professionnels.
Si je prends mon cas personnel, depuis l'année 1998, grâce à la mise en place d'une convention d'insertion professionnelle de sportif de haut niveau, mon niveau d'exigence en terme d'entraînement et de préparation s'est vu considérablement développée.
En accord avec mon employeur, Décathlon, et avec l'aide d'une bourse qui lui est reversée par le Conseil Régional et Jeunesse et Sports, j'obtiens un détachement de 46 % de mon temps de travail (le salaire est bien sur à taux plein).
Bien sur la Fédération Française Handisport soutien cette initiative qui permet un entraînement hebdomadaire de 10 à 14h et la participation à de nombreux tournois internationaux.
Actuellement, ce genre d'initiative est mis en place notamment car nous ne sommes pas professionnels. Pour financer la partie plus sportive, les partenaires deviennent de plus en plus investis dans cette aventure : développer le handisport.
Depuis le début de cette olympiade, la ville de Lyon me soutien énormément. Mais j'ai besoin d'autre sponsor : Le groupe Apicil a cru en moi depuis le début de mon ascension vers le sommet mondial, il y a plus de 7 ans. Sans son soutien je n'aurais jamais gagné ces différents titres.
Je suis persuadé que dans les années à venir handisport doit pouvoir, de manière plus concrète, pousser le monde économique à investir dans cet élan.
L'image que nous véhiculons est très positive, et en plus, porte un caractère social que bien des sports ne peut véhiculer.
Notre rôle de sportifs de haut niveau est de faire plus envers la masse. Que ce soit les handicapés de naissance ou ceux qui le deviennent suite à un accident, ils sont trop souvent mis en marge de la société. Cela se traduit aussi bien dans la scolarité, que lors de la recherche d'un emploi.
Pourquoi ne pas imaginer une loi qui, pour booster celle qui oblige les sociétés à embaucher des handicapés, se tournerait vers le monde du sport.
Je m'explique : Au début de sa carrière le sportif est payé pour faire du sport à temps plein, il n'est jamais présent dans l'entreprise. Il est toutefois considéré comme l'un de ses salariés.
A la fin de sa carrière sportive, le contrat engagerait les deux parties à une formation pour un poste au sein de cette société.
Cette situation un peu simpliste pourrait sûrement être améliorée, mais je suis sur que l'on devrait pouvoir trouver ce genre de solution.
Très souvent lors de manifestations sportives, quand vient l'heure des discours de félicitations, les paroles se ressemblent aux quatre coins du monde : « Quel exemple » !!!
Si nous sommes vraiment valeur d'exemple, donnez-nous les moyens de l'être vraiment.
La plupart des sportifs de l'élite de la FFH, le sont d'abord pour l'amour du sport, la joie et le bonheur que procure la compétition. Bien sur le sport est dur parfois, à l'entraînement, face à la défaite, mais nous voulons seulement vivre cela dans les meilleures conditions.
C'est avec joie que je pense à septembre prochain, les Jeux Paralympiques d'Athènes.
Tout d'abord car ce sera mes troisièmes Jeux, mais surtout parce qu'avant, pendant et après une olympiade, l'handisport se trouve sous les feux de la rampe.
Je souhaite à tous les sportifs de profiter de cette expérience hors norme pour vivre un moment de sport unique. Bien sur tout le monde ne gagnera pas, mais vivre cet élan de fraternité en pratiquant son sport c'est magique.
C'est pour cela qu'un jour je rêve de sportif handisport professionnel, pour que ce combat soit de plus en plus spectaculaire et excitant.
Je serais heureux de me rendre en spectateur à Paris en 2012 pour voir un match de basket entre joueurs qui seraient payé pour m'en mettre plein les yeux.
Mais attention le chemin est dangereux : L'argent peut tuer l'esprit du sport. Ce n'est peut être pas pour rien si le dopage reste presque anonyme au sein de la planète handisport
.