L'autisme, un trouble de la communication à détecter plus tôt
PARIS, 14 mai (AFP) - L'autisme, trouble du développement marqué par des difficultés de communication, touche des dizaines de milliers de personnes en France, des garçons dans quatre cas sur cinq, mais il tarde souvent à être diagnostiqué et est mal pris en charge, selon médecins et associations de parents.
Trop peu d'autistes sont scolarisés ou admis dans des établissements spécialisés, font valoir la Fondation France telecom et les associations de
parents Autisme France et Sésame Autisme qui organisent samedi et dimanche la quatrième édition des "Journées de l'autisme", marquées par des conférences et spectacles.
On compte entre 60.000 et 120.000 autistes en France, selon Charles Aussilloux, chef du service de médecine psychologique des enfants et
adolescents au CHU de Montpellier. Le premier chiffre concerne les autistes ayant des "difficultés intellectuelles associées, qui nécessitent une prise en charge plus lourde" que les autres personnes présentant des "caractéristiques plus atténuées" de la maladie et pas de retard mental.
Créé en 1911 par le psychiatre suisse Eugen Bleuler, le terme d'autisme s'applique aussi bien à l'adulte qu'à l'enfant. L'autisme infantile a été identifié et décrit comme une maladie spécifique en 1943 par le psychiatre américain Leo Kanner.
Classé parmi les "troubles envahissants du développement", l'autisme qui se traduit par des difficultés de communication, de langage et de relations sociales, est maintenant associé à des facteurs génétiques après qu'une cause psychique, liée à la relation mère-enfant, eut été longtemps mise en avant par le psychanalyste américain Bruno Bettelheim.
"L'autisme infantile a 90% d'héritabilité, c'est la plus génétique des maladies psychiatriques", assure Marion Leboyer, chef du service de psychiatrie de l'hôpital de Créteil et responsable de recherches dans ce domaine à l'Inserm.
"Il y une forte présomption que des facteurs génétiques jouent un rôle important" dans l'apparition de ce trouble, mais "on n'en a pas la preuve absolue", nuance Claude Bursztejn, chef du service psychothérapique pour enfants et adolescents au CHU de Strasbourg, parlant d'une "vulnérabilité" d'origine génétique sans exclure l'intervention d'autres facteurs.
Il est probable que plusieurs gènes soient impliqués. Des études faites sur les "vrais jumeaux" montrent que, si l'un est autiste, le second a une probabilité de 60% de l'être également, font valoir les experts.
Quelles que soient les causes de l'autisme, sa prise en charge nécessite de combiner approches psychothérapeutique et éducative, orthophonie et travail autour du corps, du jeu, de la communication, selon le Pr Bursztejn.
"Les enfants autistes ont besoin qu'on s'occupe d'eux le plus tôt possible", et plus ils grandissent, "plus la part éducative, visant à la meilleure adaptation possible, doit être importante". Les progrès peuvent être
"considérables", mais "c'est très inégal", ajoute-t-il, jugeant qu'une "grande partie" des autistes devrait "bénéficier d'une forme de scolarisation".
Mais la France manque de structures d'accueil éducatives pour eux, ce qui lui avait valu en mars des exhortations du Conseil de l'Europe à améliorer la situation.
Reste aussi à dépister plus précocément l'autisme, c'est-à-dire avant 2, voire 3 ans. Les parents inquiets attendent souvent dix-huit mois avant d'avoir un diagnostic par manque de centres spécialisés, regrette le Pr Aussilloux.
Dès 12 mois, plusieurs signes devraient, selon les spécialistes, alerter pédiatres et personnels des centres de PMI : l'absence de babillage, de geste du doigt pour désigner un objet ou de signe de la main pour dire au revoir.
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