Les associations de personnes déficientes visuelles apiDV et Droit pluriel, accompagnées par le collectif de juristes Intérêt à agir, ont annoncé mettre en demeure quatre entreprises de la grande distribution de rendre leurs sites internet accessibles aux personnes handicapées. Auchan, Picard Surgelés, Carrefour et E. Leclerc sont considérées par les deux associations comme « particulièrement défaillantes en matière d'accessibilité », indiquent-elles dans un communiqué.
Une obligation issue d'une directive européenne
Une directive européenne, entrée en vigueur le 28 juin 2025, oblige les petites, moyennes et grandes entreprises à commercialiser des produits et services accessibles aux personnes handicapées : sites Internet, applications mobiles, commandes de course en ligne (EAA : l'accessibilité numérique, une obligation en 2025)... Un site accessible doit permettre à une personne non-voyante de naviguer notamment avec des touches du clavier et une commande vocale.
« Le numérique, c'est le sésame »
« Pour un aveugle, faire ses courses est compliqué : aller au supermarché, trouver la boîte de sauce tomate... Le numérique c'est le sésame qui va nous simplifier la vie », explique à l'AFP Anne-Sarah Kertudo, fondatrice de Droit pluriel. « Mais un site non accessible, qu'on ne peut pas utiliser avec une synthèse vocale, c'est comme un vigile à l'entrée du supermarché qui nous dit : vous n'entrez pas », poursuit Mme Kertudo, dont l'association apporte un soutien juridique aux personnes handicapées. « C'est de la discrimination qu'une personne voyante puisse faire ses courses sur Internet et pas moi. Ce n'est pas la faute de mes yeux, c'est la faute du magasin », poursuit-elle.
Vers une action en justice ?
Si au 1er septembre, les services de courses en ligne proposés par ces acteurs ne sont pas rendus complètement accessibles, les associations indiquent qu'elles se tourneront vers la justice. « Nous avons demandé longtemps à être pris en compte, maintenant nous passons aux actions en justice. Nous sommes sûrs de gagner et d'être indemnisés », affirme Mme Kertudo.
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