Des enfants handicapés toujours en galère à la rentrée (TEMOIGNAGES)
Par Samir TOUNSI
PARIS, 31 août 2004 (AFP) - Hachemi Nekkache, 10 ans le 17 octobre, n'a jamais fréquenté ni école ni centre spécialisé, au grand désespoir de son père Tidjani, qui l'a fait venir avec son jumeau d'Algérie en mars 2002.
En septembre 2002, la commission départementale d'éducation spéciale (CDES)
du Val d'Oise a estimé que son léger retard intellectuel "justifiait la recherche d'une orientation vers un établissement du secteur médico-éducatif, avec prise en charge pédagogique, éducative et thérapeutique".
Depuis, sa famille attend toujours une place dans l'un des instituts médico-éducatifs (IME) proches de chez elle, à Argenteuil. Tous affichent complets.
Alors que son frère Touami passe en CE1, Hachemi doit se contenter de trois heures par semaine avec une spécialiste, qui a souligné ses progrès: l'enfant est "en demande d'activité" et "progresse constamment dans le graphisme".
"C'est une collectivité qu'il lui faut. En Algérie, il était en maternelle où on l'oubliait au fond de la classe. Mais il avait hâte d'aller à l'école le matin", soupire son père.
Même quand les enfants sont scolarisés, leur parcours est un saut d'obstacle. Alice, quatre ans en novembre, trisomique, était l'année dernière en petite section de maternelle avec son frère jumeau et sa cousine dans une école privée sous contrat des Hauts-de-Seine.
[BB]"honneur bafoué"[EB]
"Pour elle, l'école a été super-profitable. Elle a progressé au niveau autonomie, langage et psycho-motricité fine", témoigne son père Bruno,
président de l'association Grandir à l'école.
Mais son passage en deuxième année, avec son frère, a été refusé. "Or, d'après les professionnels médicaux, Alice a tous les acquis de base pour une moyenne section. Elle va perdre un an et peut-être sa motivation de travail", s'inquiète son père.
"On essaie de ne pas rompre le dialogue avec l'école. En parallèle, on a fait appel. S'il est rejeté, on ira devant le tribunal administratif. Ne pas accepter de dialoguer, c'est bafouer l'honneur de ma fille", poursuit-il.
Son cas ne serait pas isolé: "Plein de parents nous appellent à l'association parce qu'ils ne sont pas d'accord sur l'orientation de leur enfant handicapé".
Sans aller jusqu'au cas extrême des polyhandicapés, les enfants handicapés moteurs rencontrent aussi des problèmes. Walid, sept ans, ne peut pas écrire normalement et ne sais pas lire. Après un CP d'adaptation à Paris, dans une classe de douze élèves, il a été orienté cette année dans un centre médical à Neuilly-sur-Seine.
"Mon fils, qui a un handicap minime, doit aller dans la même classe que des enfants plus lourdement atteints. Je voulais qu'il aille dans une classe d'intégration scolaire (CLIS, classes spécialisées dans des écoles primaires), où il aurait mangé avec d'autres enfants", explique sa mère. Mais il n'y a que quatre CLIS pour handicapés moteurs sur Paris, affirme-t-elle, liste à la main.
"Je vais tout de même mettre Walid à Neuilly et surveiller son comportement pendant trois semaines. Mais s'il se sent malade, qu'est-ce que je fais, moi?", s'interroge-t-elle.
Adopté en juin, avant de repasser au Parlement à l'automne, le projet de loi handicap veut favoriser la scolarisation en milieu ordinaire, les enfants handicapés pouvant toutefois être inscrits parallèlement dans un établissement spécialisé.
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