Congrès du CRHES des 24, 25 et 26 novembre 2005

Interview de Charles Gardou à moins d'un mois du Congrès International ' Situations de handicap : quelles ruptures pour quelles mutations culturelles ' et Etats Généraux lyonnais l'Ecole Normale Supérieure de Lyon

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[BI]Charles Gardou, vous êtes professeur à l'Université Lumière Lyon 2 et président-fondateur du Collectif de Recherche « situations de Handicap, Education, Sociétés » (CRHES). Pouvez-vous d'abord nous parler de ce Collectif original ? [EI] [BB]Charles Gardou (CG)[EB]: C'est en 1995 que le développement des enseignements et des recherches sur les situations de handicap et l'éducation inclusive nous a conduit à créer ce Collectif, sans cloison ni frontière, en totale neutralité vis-à-vis des associations existantes. Situé au sein de l'Institut des Sciences et Pratiques d'Education et de Formation et adossé au Laboratoire de recherche « Situations de handicap, éducation et travail social », il réunit désormais près de 600 membres de toutes provenances et de tous pays. En novembre 2005, nous en fêterons le 10ème anniversaire à l'Opéra de Lyon. [BI]Quels sont ses principaux objectifs ?[EI] [BB]CG[EB] : Concrètement, il offre un espace où peuvent interagir toutes les personnes touchées, impliquées, « intéressées » : ceux qui vivent une situation de handicap, leurs proches, les enseignants de l'école maternelle à l'Université, les étudiants, les chercheurs, les travailleurs sociaux, les personnels médicaux et paramédicaux, les responsables et les membres d'associations, etc. Vous l'avez compris, le CRHES est ouvert à tous, sans exception. Chacun peut donc très facilement s'adresser à nous et nous rejoindre. [BB]Quels sont les mots fondateurs du CRHES ? [EB] [BB]CG[EB] : Désinsulariser, relier, ce sont d'ailleurs ces termes qui ont inspiré le titre de notre revue : Reliance. Notre travail s'inscrit tout entier dans cet effort, jamais achevé et inachevable, pour « lier ensemble ». Nous voulons parler, agir en lien avec ceux qui vivent le handicap au quotidien, comme avec leur entourage et avec les professionnels qui les accompagnent, et ne plus se contenter de parler d'eux, en se tenant à distance. Nous nous efforçons de ne pas nous couper du réel, de rapprocher nos travaux et recherches de la réalité des situations vécues. [B2]Université[E2] [BI]Pensez-vous des liens possibles entre « science » et vie de la cité ?[EI] [BB]CG[EB] : Oui, je crois, à l'instar de Michel Serres, président d'honneur du CRHES, à la politisation (au sens premier et noble du terme) du scientifique et à la scientificisation du politique. C'est la condition pour que le savoir produit soit incarné, partagé et donc utile. Il y a un appauvrissement et une stérilisation des recherches qui procèdent directement de leur désincarnation. Il est impossible de détacher de la pâte humaine une abstraction nommée « handicap ». Nos travaux donc portent sur des personnes réelles et singulières en difficulté de trouver une place et de vivre dans notre espace social. Comment concevez-vous, en ce domaine, le rôle de l'Université, où le CRHES a pris place ? [BB]CG[EB] : Les portes de l'Université peuvent réellement s'ouvrir à ceux qui vivent le handicap au quotidien et faciliter leur inclusion par l'accès au savoir. Elle peut se rendre accessible à tous. Plus fondamentalement, elle peut contribuer à sortir la question du handicap de son insularité, pour la replacer dans l'universel. C'est cela l'inclusion, dont on parle tant : replacer le handicap dans l'ordinaire de la vie humaine. Lutter aussi contre toutes les formes de violence. Et au premier chef, celle que représente l'exclusion des lieux de savoir, dont les premières victimes sont ceux qui sont touchés par un handicap. [B2]Congrès[E2] [BI]Pouvez-vous maintenant nous parler de votre deuxième congrès international, intitulé « Situations de handicap : quelles ruptures pour quelles mutations culturelles ? »,qui aura lieu les 24, 25 et 26 novembre ? [EI] [BB]CG[EB] : Nous l'avons voulu très ambitieux. Nous espérons un congrès-rupture, qui ouvrant des voies nouvelles, afin de révolutionner la manière de penser le handicap et de prendre en compte ceux qui en sont affectés. Nous prenons même la liberté de parler de Nouvelles Lumières. [BI]Pourquoi cette expression ? [EI] [BB]CG :[EB] On le sait, les Lumières, renvoyaient, d'une part, à l'émancipation de l'individu, appelé à se délivrer de l'état de dépendance et à faire front aux préjugés communs ; d'autre part, à l'émancipation du genre humain, appelé à sortir de la servitude et de la superstition qui vont de pair. Notre congrès sera l'occasion de se demander comment « travailler » la pâte culturelle de notre pays pour se dépêtrer des diverses formes d'obscurantisme, dont sont encore victimes nos concitoyens en situation de handicap : clichés, fausses croyances, stéréotypes, représentations collectives figées, catégorisations et autres peurs chimériques. [BI]Plus concrètement ? [EI] [BB]CG[EB] : Il s'agira d'esquisser ensemble les ruptures à envisager dans les différentes dimensions, dont la combinaison constitue la mosaïque de notre Collectif : Vie autonome et citoyenne ; Vie, éthique et déontologie ; Vie affective, familiale et sexuelle ; Vie professionnelle ; Vie scolaire ; Vie artistique et culturelle ; Vie sportive et loisirs. A partir d'un état des lieux, nous nous interrogerons notamment sur notre réalité culturelle et sur l'application des droits pour tous. La révolution culturelle sous-tendue réside dans cette audace de considérer à bras-le-corps les difficultés de vie des personnes en situation de handicap et de poser des principes de « vie neuve » à partir d'elles. Ces 3 journées à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon s'annoncent très riches d'apports, d'échanges, de projets, de rencontres. Nous attendons plus de 500 participants, parmi lesquels les 5 continents seront représentés. Aux conférences, tables rondes, débats, ateliers, s'ajouteront des moments culturels. Lire la suite: http://www.handica.com/acces_themes/article.php?cat=1.2.0.0&art=1419
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