Personnes non-voyantes: lancement en France d'un système 'révolutionnaire' de livre sonore
Par Thibauld MALTERRE
PARIS, 25 jan 2005 (AFP) - "Le système Daisy (Digital accessible information system) offre aux lecteurs aveugles et malvoyants un livre sonore de qualité numérique, avec un confort d'écoute et une transportabilité inédites", a expliqué mardi Sylvain Nivard, secrétaire général du Groupement des intellectuels aveugles ou amblyopes (à la vue affaiblie, ndlr). Le GIAA a été créé en 1949 pour soutenir la vie intellectuelle et culturelle des aveugles).
Se présentant sous la forme d'un boîtier muni de touches, dans lequel on insère des CD, il dispose de fonctions qualifiées de "révolutionnaires" par les associations, par rapport aux livres lus sur magnétophone.
Au-delà de l'apport du format numérique, il est ainsi possible de faire défiler les titres de chapitres et de sous-parties, d'insérer des signets à n'importe quel moment, de modifier la vitesse ou la tonalité de la lecture, de la démarrer là où l'on s'était arrêté, même des mois plus tôt.
"La plupart des déficients visuels sont des dévoreurs de livres. L'accès aux livres est un droit fondamental sans lequel il serait vain de parler d'insertion sociale et professionnelle", fait valoir Françoise Madray-Lesigne, secrétaire générale de l'association Valentin Haüy (AVH), fondée en 1889 pour aider à intégrer socialement les handicapés visuels.
Les associations de promotion des aveugles disposent bien sûr depuis longtemps de bibliothèques en braille (300.000 ouvrages pour l'AVH), mais aussi de livres enregistrés sur cassettes (40.000 références pour l'AVH), mais leur lecture est linéaire et fastidieuse, selon les utilisateurs.
[BB]problème de prix[EB]
Mis au point en Suède en 1994, Daisy, qui appartient aujourd'hui à un consortium international, regroupant notamment associations et bibliothèques pour malvoyants, semble promis à un bel avenir.
"Il y a aujourd'hui 20.000 lecteurs réguliers sur cassettes, mais avec le système Daisy, ce sont au moins 60.000 personnes qui sont visées d'ici 2008", estime Mme Madray-Lesigne.
Le prix des boîtiers constitue cependant un obstacle de taille à cette diffusion: achetés 300 euros au Canada par les associations, ils sont revendus 100 euros aux aveugles et malvoyants. A charge pour les associations de trouver les 200 euros manquant, auprès de mécènes privés, car les pouvoirs publics ne se montrent encore guère généreux.
"En Suède, en Angleterre, aux Etats-Unis ou au Canada, les appareils ont été fournis gratuitement aux déficients visuels. Notre grand échec en France vient des pouvoirs publics", regrette Mme Madray-Lesigne.
Les deux associations impliquées ont ainsi reçu en tout et pour tout une subvention de 5.000 euros, de la part de la direction du livre, du ministère de la Culture.
Elles se sont partagées les rôles, l'AVH s'occupant de transcrire des ouvrages grands publics, le GIAA s'attachant à des livres "plus pointus" et à des magazines. Depuis le 1er janvier, 400 livres sont disponibles au format Daisy.
Selon les chiffres du secrétariat d'Etat aux personnes handicapées, 1,5 million de personnes sont malvoyantes, dont 60.000 sont aveugles.
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