Héléna Gonzàlès-Sancho Bodero : Le handicap au sein de l'Union européenne : tendances, statistiques, situation dans les Etats membres
On calcule que le handicap au sein de l'Union européenne élargie touche 14,5% de la population actuelle.
Ce chiffre s'élève à 25% dans les nouveaux États membres et devient encore plus important lorsqu'il se réfère à l'entourage des personnes handicapées : une famille européenne sur quatre est composée d'une personne handicapée.
C'est pour défendre les intérêts communs des européens avec un handicap que le Forum européen des personnes handicapées fut crée en 1996 en tant qu'organisation indépendante et sur base d'une valeur fondamentale : « Rien sur les personnes handicapées, sans les personnes handicapées ». Un autre principe de base traverse depuis ses origines le travail du Forum : toutes les décisions prises à Bruxelles, auront un impact direct, plus tôt ou plus tard, sur la vie quotidienne des personnes handicapées. Et c'est pour cette raison que garantir la visibilité de 50 millions de personnes est devenu le cheval de bataille des organisations représentatives des personnes handicapées : des personnes victimes de discrimination, hélas oui, mais surtout, et pire encore, oubliées de nos sociétés et des nos institutions.
Mais comment représenter les intérêts des personnes handicapées au sein d'une Union où les différences sont frappantes, ou la situation des personnes handicapées diffère de manière fondamentale d'un pays à l'autre?
Tout d'abord, en s'assurant de l'intégration systématique du handicap dans toutes les politiques et législation européenne. En effet, ces législations doivent être transposées dans des lois nationales. Ainsi, très prochainement, tous les pays membres devront rendre leurs bus urbains accessibles grâce à une directive européenne adoptée en 2001. Dans un tout autre registre, depuis 2003, la discrimination sur base du handicap dans le lieu de travail est interdite, et les employeurs de tous les Etats membres devront rendre le lieu où s'exerce leur activité professionnelle accessible à leurs employés handicapés.
L'échange des bonnes pratiques et « prendre l'exemple sur les bons élèves » impulse des avancées législatives significatives au sein de l'Union européenne, non seulement en matière de handicap, mais dans tous les domaines où l'Union possède des compétences. Les nouveaux pays membres où la situation dans laquelle vivent certaines personnes handicapées reste particulièrement dure, devront se mettre rapidement à niveau en intégrant l'acquis communautaire dans leurs législations respectives, y compris l'Article 13 sur la non-discrimination du Traité et le respect des droits fondamentaux de la personne.
L'échange des bonnes pratiques et le développement des synergies sont également des principes de travail dans le combat mené par les organisations représentatives des personnes handicapées en Europe, auprès des institutions européennes et des décideurs politiques. Parler d'une voix unique, se positionner en tant que voix représentative et forte, se construire en tant que source inestimable d'expertise, exercer une pression politique constante et juste, ont permis au mouvement européen des personnes handicapées de se faire une place à Bruxelles et d'intégrer, petit à petit, des valeurs fondées sur les Droits de l'Homme, la non-discrimination, l'égalité des chances, la lutte contre l'exclusion sociale et la pauvreté, la pleine intégration.
Néanmoins, les barrières dont sont victimes les personnes handicapées sont omniprésentes : elles se trouvent sur les bancs de l'école, sur les marches à l'entrée du métro ; elles naviguent sur Internet, elles planent sur les distributeurs automatiques, sur les cabines de téléphone, au travail, au cinéma, sur les ondes de radio et de télévision, dans les bâtiments publiques. Abattre ces barrières, qui sont autant physiques que liées aux attitudes et aux préjugés, ne pourra se faire que si tous les secteurs de la société s'y impliquent, que ce soit au niveau européen mais aussi dans les Etats membres, au niveau national, régional et local.
Des longues années auront fallu pour intégrer l'Article sur la non-discrimination dans le Traité de l'UE et pour changer les mentalités des décideurs politiques. Aujourd'hui encore, le Forum européen des personnes handicapées mène une campagne intensive pour éviter que l'argent public, distribué par les Fonds Structurels européens ne soit utilisé pour la construction de nouvelles barrières, de bâtiments publics inaccessibles, de gares semés d'obstacles et des aéroports où l'information en formats accessibles est simplement inexistante.
Une chose est certaine : tant que les personnes handicapées ne seront pas vues par nos politiciens et nos décideurs politiques comme des citoyens actifs, des travailleurs, des consommateurs et des électeurs potentiels, les personnes handicapées continueront à gonfler les statistiques sur l'exclusion sociale, la pauvreté et le chômage.