15,4 milliards d'euros, c'est le budget consacré au handicap par la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf) sur un total de 113,3 milliards d'euros de prestations versées en 2024, selon le dernier rapport d'activité, publié le 9 juillet 2025 sur le site caf.fr (rubrique « Professionnels »). Cela en fait le quatrième poste de dépense, derrière la petite enfance, la solidarité et le logement. Ces données illustrent le rôle central de la branche Famille dans le soutien direct aux personnes en situation de handicap et à leurs proches aidants.
AAH : 13,8 milliards d'euros versés en 2024
L'Allocation aux adultes handicapés (AAH) représente la part la plus conséquente de ce budget avec 13,8 milliards d'euros, en hausse par rapport aux années précédentes. Cette augmentation s'explique notamment par la revalorisation des montants et par le maintien d'un nombre élevé de bénéficiaires. Dans un contexte où l'emploi des personnes handicapées reste un défi majeur, l'AAH joue un rôle de filet de sécurité essentiel, permettant à de nombreux allocataires de faire face à la hausse du coût de la vie et de préserver un minimum d'indépendance économique.
L'AEEH : un soutien indispensable pour les familles
En seconde position : l'Allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH) – indispensable pour couvrir les dépenses liées à la prise en charge et aux besoins spécifiques des enfants – avec 1,6 milliard d'euros versés en 2024. Les compléments d'AEEH, modulés selon le degré de handicap et les besoins en accompagnement, constituent une aide déterminante pour les familles souvent confrontées à des frais supplémentaires (thérapies, matériels adaptés, transports spécialisés). Toutefois, une instruction récente de la Cnaf, permettant de contester certaines décisions des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), a suscité des inquiétudes quant à d'éventuelles pertes de droits, accentuant la vigilance des associations (AEEH : une instruction de la Cnaf pénalise les familles).
Bonus inclusion handicap : un levier pour l'accès aux loisirs
Parmi les temps forts de 2024, le rapport met en avant le « bonus inclusion handicap » dans les accueils de loisirs, salué par Isabelle Sancerni, présidente du conseil d'administration de la Cnaf, comme un succès immédiat « qui donne la mesure de sa nécessité ». Ce soutien financier aide les structures à adapter leurs activités et à renforcer l'encadrement, en couvrant une partie des surcoûts liés à l'accueil des enfants en situation de handicap. Les besoins sont conséquents : près de 400 000 enfants bénéficient aujourd'hui de l'AEEH, dont 240 000 sont scolarisés en milieu ordinaire, et peuvent avoir besoin d'un accueil inclusif en dehors du temps scolaire. Pour y répondre, la Cnaf finance les accueils périscolaires, extrascolaires et pour adolescents à hauteur de 4,50 euros par heure d'accueil effectif, en complément de la prestation de service. Si le recours à ce bonus est en nette progression, signe que l'inclusion gagne du terrain, les associations rappellent que la formation des équipes et la continuité de l'accueil restent des conditions essentielles pour en garantir l'efficacité.
Développement des « Livings labs » parentalité et handicap
En parallèle, la branche Famille a poursuivi, en 2024, le développement de ses « Living labs » consacrés à la parentalité et au handicap. Ces laboratoires d'innovation sociale permettent de mobiliser directement les bénéficiaires autour de problématiques concrètes, d'échanger sur leurs besoins et de tester des solutions en conditions réelles. Parents et équipes de la Caf y travaillent ensemble pour co-construire de nouveaux services, comme l'adaptation d'aides existantes ou la création de dispositifs mieux calibrés pour la vie quotidienne des familles concernées.
Un enjeu budgétaire et sociétal majeur
Avec un budget massif et un impact social indéniable, le handicap s'impose comme un axe stratégique pour la branche Famille. Ces prestations sont de véritables leviers pour améliorer la qualité de vie, réduire les inégalités et favoriser la participation sociale. Mais suffiront-elles à répondre aux besoins croissants et aux attentes légitimes des bénéficiaires et de leurs proches ?
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