Baromètre de l'accessibilité APF: 96 départements à la loupe

L'APF, en partenariat avec L'Express, vient d'éditer son 'Baromètre de l'accessibilité ' qui dresse un état des lieux dans nos 96 chefs-lieux départementaux.

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Pas moins de 20 pages pour un bilan plutôt inquiétant ! Ce baromètre de l'accessibilité présenté par l'APF (Association des paralysés de France) révèle une immense disparité entre nos 96 chefs-lieux. Ainsi de Nantes, ville première du classement, à Bastia, dernière ville, toutes ont une immense marge de manœuvre pour être premières ex aequo en 2015 !

On peut douter que le délai fixé à 2015 sera en effet respecté, même si Jean-Marie Barbier, président de l'APF, déclarait lors d'une interview sur France Inter, mercredi 10 février, que certains départements attendaient probablement le dernier moment pour se réveiller. Mais cet engagement de dernière minute leur permettra-t-il de se mettre en conformité avec la loi ? On peut sincèrement en douter !

Quel podium ?

Quinté gagnant : Nantes, Evry, Lyon, Grenoble, Rennes ! Bons derniers du classement : Blois, Agen, Belfort, Evreux et Bastia. Les critères d'évaluation portent sur trois points (un questionnaire a été envoyé aux 96 chefs-lieux) : un cadre de vie adapté, des équipements municipaux et des transports accessibles et une politique municipale volontariste. Les notes du classement général varient de 16.8 pour Nantes à... 1.9 pour Bastia ! Paris, avec une note de 10.9, n'arrive qu'en 39ème position. C'est en priorité le dynamisme des politiques municipales qui constitue un facteur déterminant. Preuve que l'implication est une affaire de personne plus que de moyens.

Caddie et fauteuil : même combat !

Cette enquête révèle que la plupart des commerces de proximité et centres de soins ne sont pas accessibles. Un détail surprenant, néanmoins, qui tend à prouver que lorsque l'accessibilité nourrit des enjeux financiers, elle est tout à fait réalisable : les centres commerciaux sont des lieux accessibles à une très large majorité car ils ont été conçus avec l'optique de faciliter les déplacements des caddies, si bien que les espaces de manœuvre correspondent aussi aux besoins des utilisateurs de fauteuil roulant !

Etat des lieux en chiffres

Les réponses des chefs lieux interrogés révèlent que :

  • 87 % déclarent que leur mairie et services ouverts au public sont accessibles.
  • 86 % des théâtres municipaux et 85 % des stades sont appréhendés comme accessibles.
  • 60 % n'ont aucune ligne de bus entièrement accessible (matériel roulant + voirie adaptée).- 39 % ne respectent pas le seuil légal de 2 % de places de stationnement réservés d'une largeur de 3,30 m.
  • 30 % déclarent ne posséder aucune école primaire accessible.
  • Si 97 % des chefs-lieux départementaux déclarent avoir créé une commission communale pour l'accessibilité telle que le prévoit la loi du 11 février 2005, en revanche, 75 % d'entre elles n'ont organisé aucune réunion de cette instance de concertation depuis septembre 2008 !
  • 21 % n'ont toujours pas effectué l'état des lieux de leurs transports.
  • 51 % n'ont pas organisé un système de recensement de l'offre de logement accessible.

La faute à l'Etat ?

Selon l'APF, c'est le manque d'incitation de l'Etat qui laisse les acteurs de terrain dans des difficultés inextricables pour les plus volontaristes et justifie l'inertie des plus récalcitrants. Pour Jean-Marie Barbier, « les acteurs publics et privés ne font pas assez preuve de dynamisme pour respecter une obligation légale ! Hormis quelques exceptions notables, il ne se dégage pas de véritable politique municipale liée à l'accessibilité. Il manque encore beaucoup de commissions communales et intercommunales d'accessibilité ! ». Le président de l'APF est également soucieux d'un éventuel report de l'échéance par le gouvernement. D'autant que ce dernier a récemment proposé un amendement autorisant les dérogations de mise en accessibilité des bâtiments neufs. Une inquiétude légitime mise en lumière par le récent report des sanctions pour les entreprises de 20 salariés et plus ne satisfaisant pas à l'obligation d'embauche des travailleurs handicapés !

En conclusion, selon ce rapport de l'APF, l'accessibilité n'est pas une matière sociale, mais doit relever de l'aménagement et du développement durable puisque cela concerne toute la population (personnes âgées, blessés temporaires, parents avec poussettes, confort procuré aux personnes valides). Elle réclame, par ailleurs, la mise en place d'une Agence nationale de l'accessibilité universelle. Ce baromètre nourrit-il une belle chimère : « Une France accessible à tous en 2015 ! »

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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